Le Japon a montré mardi pour la première fois en public le futur porte-hélicoptères dont il va équiper sa flotte et qui est le plus gros navire militaire construit par Tokyo depuis la dernière guerre.

Ce navire de 248 mètres baptisé «Izumo» et qui est encore en construction à Yokohama (sud de Tokyo) pour un coût total de quelque 900 millions d'euros ne sera opérationnel qu'un peu après 2015.

Une fois mis en service il pourra embarquer neuf hélicoptères.

Son «baptême» a eu lieu devant quelque 3600 personnes, dont le vice-premier ministre Taro Aso, qui ont assisté à des feux d'artifice.

Selon le ministère de la Défense japonais, ce porte-hélicoptères est appelé à jouer un rôle essentiel tant en matière de défense de la souveraineté territoriale que de protection des voies maritimes, ainsi qu'en cas de désastres et catastrophes naturelles.

Des experts indépendants estiment cependant que ce bâtiment, vu sa taille imposante, pourrait théoriquement un jour être utilisé comme porte-aéronefs polyvalent et servir de plateforme de lancement à des avions de chasse à décollage vertical.

Cette cérémonie de baptême intervient alors que les relations sont pour le moins tendues depuis septembre dernier avec la Chine, et dans une moindre mesure avec la Corée du Sud, en raison de différends territoriaux.

La Chine s'est déclarée mardi «préoccupée par l'expansion constante des équipements militaires du Japon».

«Cette tendance appelle une vigilance accrue de la part des voisins asiatiques du Japon et de la part de la communauté internationale», a déclaré à l'AFP le ministère chinois de la Défense.

Depuis qu'en septembre Tokyo a nationalisé trois îlots d'un archipel (acheté à leur propriétaire privé japonais) mais revendiqué par Pékin, le torchon brûle entre les deux capitales. Des manifestations anti-japonaises s'étaient déroulées à l'époque pendant une semaine dans de nombreuses villes de Chine.

Pékin envoie depuis lors régulièrement des navires gouvernementaux, dernièrement des garde-côtes dotés d'armement léger, faire des ronds dans les eaux territoriales autour de l'archipel des Senkaku (Diaoyu pour la Chine), faisant craindre à tout moment à un incident sino-japonais.

Rapidement après la victoire de son Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite) aux législatives de décembre 2012, le nouveau Premier ministre Shinzo Abe avait clairement indiqué qu'il n'hésiterait pas à utiliser la force en cas de débarquement chinois aux Senkaku.

Parallèlement, M. Abe, auquel on prête par ailleurs l'intention de faire réviser la constitution pacifiste de 1947 (qui interdit le recours à la guerre), a fait approuver un budget militaire de 38,7 milliards d'euros pour 2013-2014, en hausse pour la première fois depuis onze ans.

Inquiet de la montée en puissance maritime de la Chine (Pékin a mis en service son premier porte-avions fin 2012, le Liaoning), Tokyo a décidé de constituer une force spéciale de 600 hommes et 12 navires pour surveiller et protéger l'archipel des Senkaku.

Et fin juillet dernier, le ministère de la Défense a estimé que le Japon devait se doter de drones de surveillance maritime et d'unités amphibies pour protéger ses îles lointaines.

Coïncidence malheureuse: la cérémonie militaire de Yokohama s'est déroulée alors que, de l'autre côté de l'archipel nippon, des dizaines de milliers de personnes s'étaient rassemblées pour marquer le 68e anniversaire du lancement de la bombe atomique américaine qui avait détruit la ville de Hiroshima (ouest).

Les participants ont prié pour l'âme des victimes et promis de bâtir un monde de paix.