Martial dans son costume noir à col officier, le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a inauguré jeudi un cimetière où reposent les anciens de la guerre de Corée dont on célèbre le 27 juillet le 60e anniversaire.

Flanqué d'officiers supérieurs, M. Kim a coupé un ruban rouge et déposé une gerbe de fleurs au pied d'un monument aux morts représentant le canon d'un fusil et sa baïonnette dressés vers le ciel.

La cérémonie était organisée dans le cadre des célébrations du 60ème anniversaire de l'armistice qui doit culminer samedi avec une immense parade militaire au coeur de la capitale Pyongyang.

Kim Jong-un est apparu aux côtés de milliers de vétérans et de leurs familles devant les caméras et les journalistes des médias du monde entier invités par le régime pour couvrir ces festivités.

La signature de cet armistice après trois années d'un conflit qui a fait des millions de morts est célébrée en Corée du Nord comme le «jour de la victoire» à l'issue de la «guerre de libération de la patrie».

Les rues de Pyongyang ont été pavoisées de drapeaux de la République Populaire Démocratique de Corée (RPDC) et de slogans patriotiques glorifiant le sacrifice et l'héroïsme des soldats.

La sécurité était stricte autour du cimetière situé dans le nord de la capitale.

Les femmes vêtues de la tunique traditionnelle (hanbok) s'éventaient en faisant la queue dans la chaleur humide de l'été coréen en attendant de passer au détecteur, comme dans les aéroports.

Les hommes portaient costume-cravate ou uniforme, certains la poitrine couverte de médailles.

Les tombes sont celles de vétérans de la guerre de Corée que l'on appelle ici les «héros de la République» dont les dépouilles ont été exhumées de fosses à travers le pays.

Après la cérémonie protocolaire proprement dite, les invités se sont dispersés dans les allées en terrasse, en quête des sépultures de leurs proches tombés au combat.

«C'était le plus âgé de mes frères», a confié à l'AFP un vétéran, Kim Byong-Ryong, en désignant l'une des pierres tombales.

«Il est parti se battre alors qu'il venait d'avoir 18 ans. Il a été tué dans la dernière année de la guerre. Trois autres de mes frères ont aussi été tués».

Comme tous ceux avec qui l'AFP a pu s'entretenir en présence d'accompagnateurs officiels, Kim s'est déclarée «extrêmement reconnaissant» à Kim Jong-un d'avoir construit ce cimetière et d'avoir choisi son frère pour l'y faire reposer.

«C'est un grand honneur», a ainsi estimé Hwang Sung-nam, 67 ans, venu se recueillir sur la tombe de son père décédé en 1985 mais dont les restes ont été transférés en raison de ses exploits au combat.

«Cela permettra de faire vivre son souvenir à jamais», a confié M. Hwang.

Des vétérans chinois assistaient également à la cérémonie, reconnaissables aux insignes à l'effigie de Mao qu'ils portaient au revers de la veste.

Les Nord-Coréens, eux, portaient des insignes à l'effigie du fondateur de la Corée communiste, Kim Il-sung, le grand-père de Kim Jong-un.

L'intervention de la Chine s'est révélée décisive dans le conflit pour repousser une puissante offensive conduite par les troupes américaines qui menaçaient de prendre l'ascendant sur les forces nord-coréennes.

Kim Jong-Un n'est resté que quelques minutes à la cérémonie avant de repartir en convoi.

Moins rétif aux apparitions publiques et aux déclarations que son père Kim Jong-il, il demeure toutefois un personnage énigmatique dont on sait peu de choses sinon qu'il aurait moins de trente ans et qu'il a étudié en Suisse.

Il est marié à une jeune et élégante jeune femme mais nul ne sait s'ils ont des enfants.