Le dirigeant chinois déchu Bo Xilai, dont la chute spectaculaire avait ébranlé le pays l'an dernier, a été inculpé pour corruption, versement de pots-de-vin et abus de pouvoir, a annoncé jeudi l'agence officielle Chine nouvelle.

Ancien responsable du Parti communiste dans la métropole de Chongqing (sud), Bo avait été exclu de ses fonctions l'an dernier et fait l'objet d'une enquête pour corruption, après la condamnation de son épouse pour meurtre -- dans le plus vaste scandale au sommet du pouvoir en Chine depuis des décennies.

«L'exposé des chefs d'inculpations a été transmis» à un tribunal de Jinan, dans la province du Shandong (est), a indiqué Chine nouvelle, citant des procureurs de la ville.

Bo, «en tant que cadre, a tiré avantage de sa position pour rechercher des profits» pour ses proches «et a accepté des sommes d'argent extrêmement importantes ainsi que des propriétés immobilières», a précisé l'agence, citant les chefs d'accusation.

«Il a également détourné de vastes montants d'argent public et abusé de son pouvoir, nuisant gravement aux intérêts de l'État et du peuple», a poursuivi le média d'État, en se référant au document délivré au tribunal.

Selon la législation chinoise, les chefs d'accusations dans des affaires criminelles doivent être énoncés au moins dix jours avant le début d'un procès.

La chute de Bo, alors l'un des 25 membres du puissant Bureau politique du Parti communiste chinois, avait exposé le pouvoir à des allégations de corruption à un niveau élevé de la hiérarchie et révélé de vives divisions internes au sein des autorités centrales.

Intervenant peu de temps avant la transition qui avait vu Xi Jinping nommé à la tête du parti en novembre dernier, le scandale avait révélé l'emprise de l'ancien patron de Chongqing sur cette ville de 33 millions d'habitants, où il avait mis en place un ample mouvement de répression contre ses opposants.

Sa chute avait été précipitée par son puissant bras droit, l'ancien superpolicier Wang Lijun.

Brutalement tombé en disgrâce auprès de son patron, M. Wang avait essayé en février 2012 de demander l'asile politique au consulat américain de Chengdu, une métropole voisine du sud-ouest de la Chine, et y avait exposé les crimes et malversations ayant lieu à Chongqing -- dont le meurtre d'un homme d'affaires britannique, Neil Heywood, par la propre épouse de Bo, Gu Kailai.

Bo Xilai avait été interpellé un mois plus tard et exclu du Parti.

Sa tentative de défection a valu à Wang Lijun, devenu «traître» à la Chine, une peine de 15 ans de prison. Gu Kailai a quant à elle été condamnée en août dernier à une peine de mort avec sursis -- peine généralement commuée en prison à vie.

Les médias officiels avaient alors indiqué que Bo «portait une responsabilité majeure» dans l'assassinat de Neil Heywood, mais aussi que Bo avait par ailleurs reçu «de fortes sommes en pots-de-vin» et eu des relations sexuelles «inappropriées» avec «de nombreuses femmes».

Bo n'est plus apparu en public depuis plus d'un an, et est détenu dans un lieu inconnu. Son sort avait alimenté depuis le début de l'année de fiévreuses spéculations sur le lieu où il serait jugé.

L'ancien dirigeant de Chongqing «a été informé de ses droits et interrogé par les procureurs. Ses avocats ont été également été entendus», a souligné l'agence Chine nouvelle, citant les procureurs de Jinan.