Le président birman Thein Sein a vivement dénoncé vendredi les accusations de «nettoyage ethnique» contre la minorité musulmane du pays, affirmant qu'elles faisaient partie d'une «campagne de calomnies» contre son gouvernement.

«Des éléments étrangers exagèrent et créent de toutes pièces des informations, il n'y a aucun nettoyage ethnique en cours», a affirmé Thein Sein, en visite à Paris, à la chaîne d'informations France 24.

«Il s'agit d'une campagne de calomnies contre le gouvernement. Ce qui s'est passé dans la région de Rakhine (ouest) n'est pas du nettoyage ethnique», a-t-il jugé.

En avril, l'association de défense des droits de l'homme Human Rights Watch (HRW) avait accusé des responsables birmans, des leaders communautaires et des moines bouddhistes d'être responsables d'une «campagne de purification ethnique» contre la minorité musulmane apatride des Rohingyas, évoquant des meurtres et des déplacements forcés.

Selon des chiffres officiels cités par HRW, plus de 200 personnes ont été tuées lors des violences en 2012, mais l'organisation considère que ce bilan est largement sous-évalué, et estime à plus de 140 000 le nombre de réfugiés, en majorité des Rohingyas.

Les quelque 800 000 Rohingyas confinés dans l'Ouest birman sont considérés par l'ONU comme une des minorités les plus persécutées de la planète. Privés de nationalité par l'ancienne junte dissoute en 2011, ils sont vus par beaucoup de Birmans comme des immigrés illégaux du Bangladesh.

Des dizaines d'autres personnes ont été tuées lors d'affrontements entre bouddhistes et musulmans dans le centre du pays, en mars.

«Le gouvernement a été en mesure de contenir ces violences communautaires et la situation est revenue à la normale», a assuré Thein Sein dans cet entretien.

«Mon gouvernement a mis en place une commission indépendante pour enquêter sur les raisons profondes de ces violences communautaires», a-t-il souligné.

Le président Thein Sein, qui a engagé son pays dans un processus de transition vers la démocratie, effectue depuis mercredi une première visite officielle en toute discrétion à Paris.

Cette visite survient deux mois après une visite historique aux États-Unis. Les réformes de Thein Sein ont notamment permis le retour au coeur du jeu politique de l'opposante Aung San Suu Kyi, devenue députée.

Mais l'armée conserve un rôle central dans le pays et des violences religieuses ont mis en lumière une islamophobie parmi la majorité bouddhiste de la population.