La Corée du Nord et la Corée du Sud ont une nouvelle fois échoué mercredi à résoudre leur contentieux sur le site industriel intercoréen de Kaesong, fermé unilatéralement début avril par Pyongyang.

Il s'agit du quatrième tour de table consacré au complexe de Kaesong, devenu la pierre de touche de l'apaisement des tensions sur la péninsule.

Les deux antagonistes, réunis sur le site même de Kaesong, sont convenus de se retrouver lundi.

Le chef de la délégation sud-coréenne, Kim Ki-Woong, avait dit espérer des entretiens «sincères et substantiels» avant son départ pour la Corée du Nord.

Mais à l'issue de la réunion, il a confié à la presse qu'il existait «d'importantes divergences» sur l'adoption d'un cadre légal destiné à prévenir de futures fermetures.

Selon l'agence officielle nord-coréenne KCNA, les négociateurs nord-coréens ont mis sur la table des «propositions sincères et concrètes», imputant à Séoul la responsabilité de ce nouvel échec.

«Les discussions n'ont produit aucun résultat à cause des revendications déraisonnables et l'attitude non sincère (du Sud)», a-t-elle affirmé.

Ces pourparlers interviennent après plusieurs mois de vives tensions sur la péninsule coréenne avec notamment des menaces de la part de la Corée du Nord, dont l'économie souffre d'un renforcement des sanctions infligées par les Nations unies après un essai nucléaire en février.

Nord et Sud veulent faire redémarrer la zone d'activité de Kaesong, cruciale tant pour l'économie nord-coréenne que pour les entreprises sud-coréennes qui ont perdu des centaines de millions de dollars depuis le départ des 53 000 ouvriers nord-coréens.

Kaesong avait été mis en place dans le sillage de «la diplomatie du rayon de soleil», menée par la Corée du Sud de 1998 à 2008 pour encourager les contacts entre les deux frères ennemis.

Séoul et Pyongyang refusent l'un et l'autre d'endosser la responsabilité de la crise et le régime nord-coréen ne veut pas s'engager à ne plus fermer arbitrairement le site en cas de nouvelles tensions.

Pour réduire ce risque, la Corée du Sud souhaiterait faire venir des entreprises étrangères dans le complexe, situé à 10 km de la frontière en territoire nord-coréen.

Pyongyang lui a opposé une fin de non-recevoir.

Chang Yong-Seok, chercheur à l'Institut pour la paix et l'unification de l'université de Séoul, évoque un véritable «dialogue de sourds». «On ne peut pas vraiment parler de négociations», dit-il.

Le professeur Yang Moo-Jin, de l'université des études nord-coréennes, estime néanmoins que les deux Corées «doivent présenter des résultats avant les manoeuvres militaires américano-sud-coréennes» prévues en août.

Il déplore «l'intrusion» dans ces discussions de la présidente sud-coréenne, Park Geun-Hye et du leader nord-coréen, Kim Jong-Un, qui laissent peu de marge de manoeuvre aux responsables des deux délégations.

La semaine dernière, Pyongyang a proposé des négociations séparées sur la réunion de familles séparées depuis la fin de la guerre de Corée. Mais le Nord a depuis retiré son offre, estimant qu'il fallait d'abord résoudre la question de Kaesong.

Séoul et Pyongyang s'apprêtent à célébrer le 27 juillet le 60e anniversaire de la fin de la guerre de Corée (1950-1953). L'arrêt des hostilités a été scellé par un armistice, mais n'a jamais été confirmé par un traité de paix. De ce fait, les deux Corées restent techniquement en état de guerre.