Les démocrates ont remporté les élections parlementaires face aux monarchistes samedi au Bhoutan, petit royaume himalayen qui s'enfonce dans la crise économique en raison de tensions avec l'Inde, son allié et bailleur de fonds historique.

Pour la deuxième fois depuis la fin de la monarchie absolue il y a cinq ans, le Bhoutan élisait ses représentants à la chambre basse du parlement («Assemblée nationale») en vue de la formation d'un nouveau gouvernement.

La participation semble avoir été importante. Vêtus de leurs habits traditionnels, le «gho», un manteau trois-quarts en drap sombre ceinturé à la taille pour les hommes, la «kira» (jupe-portefeuille en soie) pour les femmes, les électeurs ont formé de longues files d'attente à l'entrée des bureaux de vote.

Le Parti démocratique du peuple (PDP) a remporté 32 sièges contre 15 pour le parti au pouvoir, le Druk Phuensum Tshogpa (DPT), a rapporté sur son site internet le quotidien national du pays, Kuensel.

Ces résultats doivent être confirmés officiellement dimanche par la commission électorale.

Le DPT, parti monarchiste, avait été triomphalement porté aux affaires lors des premières élections en 2008 et faisait cette année encore figure de favori après avoir recueilli 45% des suffrages au premier tour.

Mais le PDP a refait son retard en capitalisant notamment sur la suspension par l'Inde de son aide économique cruciale.

New Delhi a décidé au début du mois de ne plus subventionner le gaz domestique et l'essence, faisant flamber les prix et aggravant les difficultés du Bhoutan qui a dû récemment limiter ses importations en raison d'une pénurie de roupies.

«Les électeurs en tiennent rigueur au gouvernement», estime le politologue Kencho Wangdi.

Certains observateurs suggèrent que l'Inde s'irrite des oeillades du Bhoutan à la Chine, son autre immense voisin, en matière de développement économique alors que les deux pays se disputent sur leur frontière commune.

Le Bhoutan est connu à l'étranger pour sa quête du «bonheur national brut», une approche originale du développement économique centrée sur la protection de l'environnement et le bien-être et non sur le produit intérieur brut.

Mais il est désormais confronté au chômage des jeunes, à la délinquance et à l'exode rural.

Le «pays du Dragon-Tonnerre» avait entamé son processus vers la démocratie en 2001 sous l'impulsion de l'ancien roi Jigme Singye Wangchuck qui avait confié une partie de son immense pouvoir à un conseil des ministres et promulgué une nouvelle Constitution.

Il avait abdiqué en décembre 2006 en faveur de son fils, formé à Oxford.