Une vingtaine de Birmans bouddhistes ont été condamnés à des peines de prison pour leur rôle lors des violences religieuses dans le centre du pays en mars, notamment pour l'attaque meurtrière contre une école musulmane, a-t-on appris auprès d'avocats et de la police vendredi.

Ces condamnations interviennent alors que des défenseurs des droits de l'Homme s'inquiétaient du fait que les bouddhistes soient relativement épargnés par la justice après ces émeutes de Meiktila qui avaient principalement visé des musulmans, dont des milliers avaient dû fuir leurs quartiers incendiés.

Les bouddhistes condamnés mercredi et jeudi ont été reconnus coupables de meurtre, agression, vol, incendie ou incitation à la violence, a indiqué un responsable policier sous couvert de l'anonymat.

Selon la presse officielle, qui n'a pas précisé la religion des accusés, les peines vont de deux ans pour des infractions mineures à dix ans pour meurtre, et certains devront purger plusieurs peines consécutivement.

Certaines de ces condamnations sont liées aux meurtres d'élèves d'une école musulmane de Meiktila, a ajouté Ba San, un avocat présent à l'audience.

Fin mars, une dispute avait éclaté dans un marché de la ville entre un vendeur musulman et des clients bouddhistes. Peu après, un moine bouddhiste avait été tué, lançant trois jours d'émeutes, avant que l'armée ne reprenne le contrôle de la situation en vertu de l'état d'urgence.

Selon les chiffres officiels, 44 personnes ont été tuées, mais certains estiment que le bilan serait bien plus lourd.

Selon l'ONG Médecins pour les droits de l'homme, parmi les victimes figuraient 20 élèves et quatre enseignants d'une école musulmane de la ville, dont certains auraient été décapités ou brûlés vifs.

Au moins 14 musulmans ont été condamnés dans le cadre des violences de Meiktila, dont sept qui se sont vus infliger des peines allant de deux à 28 ans de prison pour leur rôle dans le meurtre du moine.

Seuls deux bouddhistes avaient été condamnés jusqu'alors, à sept ans de prison pour meurtres.

En 2012, dans l'ouest cette fois, des affrontements entre bouddhistes de l'ethnie rakhine et musulmans de la minorité apatride des Rohingyas avaient fait plus de 200 morts et 140 000 déplacés.

Dans une Birmanie en plein bouleversement depuis la dissolution de la junte en mars 2011, ces événements ont remis en lumière un fond islamophobe latent dans un pays majoritairement bouddhiste où vivent officiellement 4% de musulmans.