Le directeur de la centrale Fukushima Daiichi au moment de l'accident en mars 2011 est décédé mardi à l'âge de 58 ans des suites d'un cancer de l'oesophage qui ne serait pas directement imputable aux radiations, a indiqué mardi son employeur, la compagnie Tokyo Electric Power (Tepco).

Masao Yoshida s'est éteint vers 11 heures (2 h GMT, 22 h lundi à Montréal) dans un hôpital de Tokyo, après des mois de traitement.

Selon Tepco, M. Yoshida aurait reçu une dose de radiations de 70 millisieverts entre l'accident en mars 2011 et son départ de cette centrale du nord-est six mois plus tard. La compagnie écarte le lien entre cette exposition et le cancer de M. Yoshida, arguant qu'il faut un délai plus long, d'environ cinq années, avant que les rayonnements n'entraînent ce type de cancer.

Masao Yoshida était devenu directeur du complexe atomique Fukushima Daiichi en juin 2010, quelques mois avant le séisme et le tsunami du 11 mars 2011 qui allaient mettre en péril quatre des six réacteurs du site, un désastre qui a poussé les autorités à évacuer plus de 150 000 habitants alentour.

M. Yoshida a géré cette crise sans précédent dans des conditions terribles, en s'opposant parfois aux directives incohérentes ou aux lenteurs du siège de son entreprise. Il a même désobéi à certains ordres qui lui semblaient techniquement dangereux, et a peut-être ainsi évité que la situation ne devienne complètement incontrôlable, selon des experts du secteur.

Il a toutefois dû abandonner son poste fin 2011 en raison d'un diagnostic de cancer de l'oesophage.

Lors d'un rare entretien accordé à la presse en novembre 2011 avant de quitter la centrale, M. Yoshida avait déclaré: «dans la semaine qui a suivi l'accident, j'ai bien cru à maintes reprises que nous allions mourir». Et d'ajouter «j'ai pensé que c'était la fin lorsque se sont produites des explosions d'hydrogène dans les bâtiments des réacteurs 1 et 3 et lorsqu'il était impossible d'injecter de l'eau dans le 2».

Une vidéo de M. Yoshida a également été projetée en août 2012 lors d'une conférence dans la ville de Fukushima, entretien filmé dans lequel l'ex-directeur exprimait le voeu que «non seulement au Japon, mais aussi dans le monde entier les enseignements tirés de cet accident servent à améliorer la sûreté des installations nucléaires».