Le Parti libéral-démocrate (PLD) du Premier ministre conservateur japonais Shinzo Abe a remporté dimanche une large victoire aux élections à l'assemblée municipale de Tokyo, un résultat de bon augure avant l'important scrutin sénatorial de la fin juillet.

Les électeurs de la mégapole tokyoïte ont accordé un satisfecit à la politique économique surnommée «Abenomics» conduite depuis six mois par le chef du gouvernement.

Le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite), présidé par M. Abe, a remporté 59 sièges à lui seul, et 82 avec l'aide de son allié centriste du gouvernement, le Nouveau Komeito, soit bien au-delà de la majorité (au moins 64 sièges).

Tous les candidats présentés par le PLD et la formation alliée ont gagné. Le PLD est redevenu le premier parti à Tokyo, après 4 ans dans l'opposition.

«Nous remercions vivement les électeurs. Je veux que cette victoire se transmette aux prochaines élections», a réagi le secrétaire général du PLD, Shigeru Ishiba, interrogé à la télévision.

Quelque 253 candidats se disputaient 127 sièges de représentants à l'assemblée de Tokyo, une préfecture de quelque 13 millions d'habitants, dont plus de 10,5 millions inscrits sur les listes électorales.

Le taux de participation a cependant été très faible, seulement 43,42%, en baisse de plus de 11 points par rapport à celui du précédent scrutin en 2009. C'est le deuxième pire jamais enregistré.

L'abstention a été élevée, a regretté M. Abe qui, tout en se réjouissant de la victoire a souligné que même si «beaucoup de gens n'en ressentent pas encore les effets sur la situation économique, la politique qu'il conduit depuis 6 mois avait reçu une certaine appréciation».

«Je vise une victoire aux sénatoriales», a-t-il déclaré, promettant de s'efforcer de poursuivre son  travail pour le redressement économique.

M. Abe avait lui-même décrit ces élections locales comme une bataille «à gagner à tout prix», sachant que le résultat serait interprété comme une répétition générale avant le scrutin de renouvellement partiel du sénat le 21 juillet. Celui-ci décidera en effet de sa capacité à poursuivre sa politique durant trois ans sans rendez-vous électoral programmé.

Le PLD avait perdu à Tokyo en 2009 avec seulement 39 sièges, avant une débâcle aux législatives suivantes qui l'avait condamné à trois années de traversée du désert, une épreuve pour un parti qui a pratiquement régné de façon ininterrompue depuis la fin de la guerre.

Le PLD est toutefois revenu en force aux législatives anticipées de décembre dernier, après l'échec cuisant du Parti démocrate du Japon (PDJ, centre gauche) aujourd'hui laminé.

Cette formation a perdu un large pan de sa crédibilité auprès de l'électorat du fait de promesses non tenues et de querelles intestines incessantes. Cette descente aux enfers s'est confirmée dimanche.

Après avoir caracolé en tête avec 54 sièges à Tokyo en 2009, il ne lui en restait plus que 43 dans l'assemblée sortante du fait de défections. Et au terme du scrutin de dimanche, il n'en aurait sauvé que 15.

Depuis qu'il a repris le pouvoir, le PLD de M. Abe, lui, a fait du redressement économique une priorité avec «trois flèches» lancées contre la déflation qui bride l'activité de façon chronique: des largesses budgétaires (malgré l'endettement colossal du pays), une politique monétaire ultra-accommodante et une stratégie de croissance accompagnée de réformes et de dérégulation.

Si dans la foulée de la victoire à Tokyo, le PLD reprenait le Sénat à l'opposition, il mettrait fin à une sorte de «cohabitation» handicapante.

M. Abe, qui avait raté un premier mandat en 2006-2007 à cause de problèmes de santé et de scandales touchant ses ministres, aurait alors les coudées franches pour appliquer sa politique.

Outre des dispositions économiques plus ou moins populaires, il pourrait alors s'autoriser d'autres flèches, plus politiques celles-là, notamment en vue d'une révision de la constitution pacifiste de 1947.

Dimanche, le PLD est apparu d'autant plus comme l'unique grande formation que le Parti de la Restauration, auto-proclamé troisième voie, a été relégué au rang de figurant, malgré la présence médiatique de ses deux ténors, le nationaliste et imprévisible Shintaro Ishihara (ex-gouverneur de Tokyo) et le maire d'Osaka (ouest), Toru Hashimoto.

Ce parti de la Restauration n'a récolté que 2 sièges, bien moins que le parti communiste qui, avec un total de 17, se classe troisième.