Des militants islamistes déguisés en policiers ont tué dix alpinistes étrangers et un guide pakistanais lors d'une attaque nocturne contre leur camp à la base de l'une des plus grande montagnes du nord du Pakistan, ont annoncé des responsables.

La région était majoritairement paisible, à des centaines de kilomètres des principaux sanctuaires talibans le long de la frontière afghane. Mais le groupe de militants, qui mène une violente insurrection contre le gouvernement depuis des années, a démontré sa capacité de frapper pratiquement partout au pays.

Les talibans ont amorcé leur attaque en enlevant deux guides locaux pour les emmener au camp de base à Gilgit-Baltisan, a indiqué le ministre de l'Intérieur Nisar Ali Khan. L'un des guides a été tué, et l'autre a été détenu en vue d'être interrogé. Les attaquants se sont déguisés en revêtant des uniformes d'une force paramilitaire qui patrouille dans la région, a dit M. Khan.

Environ 15 tireurs ont attaqué le camp vers 23 heures, samedi, a indiqué le Club alpin du Pakistan, qui a parlé avec le guide survivant, Sawal Faqir. Ils ont commencé par rosser les alpinistes et leur retirer leurs téléphones cellulaires et satellites, ainsi que leur argent, a déclaré le club par voie de communiqué.

Certains alpinistes et guides ont pu s'enfuir, mais les autres ont été tués par balles, a dit le club. M. Faqir a pu cacher un téléphone satellite, et l'a éventuellement utilisé pour alerter les autorités.

Selon Attaur Rehman, un responsable de la région, dix étrangers et un Pakistanais ont été tués durant l'attaque. On compte ainsi trois Ukrainiens, deux Slovaques, deux Chinois, un Lithuanien, un Népalais et un Sino-Américain, selon M. Rehman.

L'ambassade américaine d'Islamabad a confirmé qu'un citoyen américain avait été tué, mais n'a pu confirmer sa double nationalité.

Le porte-parole taliban Ahsanullah Ahsan a revendiqué l'attaque, affirmant que leur faction Jundul Hafsa avait effectué la fusillade en riposte pour la mort d'un leader adjoint des talibans, Waliur Rehman, tué par un drone américain le 29 mai.

«En tuant des étrangers, nous voulions envoyer un message au monde pour que celui-ci joue son rôle afin de mettre fin aux attaques de drones», a dit M. Ahsan à l'Associated Press lors d'une entrevue téléphonique à partir d'un endroit secret.

Des responsables pakistanais ont dit craindre que l'attaque porterait un dur coup à l'industrie touristique, qui souffre déjà du haut niveau de violence dans le pays.