Les électeurs de Tokyo votent ce dimanche pour renouveler leur assemblée municipale, un test pour le premier ministre conservateur Shinzo Abe avant l'important scrutin sénatorial de fin juillet.

À travers ce scrutin, on saura en effet surtout le jugement que portent les électeurs de la mégapole tokyoïte sur la politique économique surnommée «Abenomics» conduite depuis six mois par le chef du gouvernement.

Quelque 253 candidats de divers bords ou sans étiquette se disputent 127 sièges.

Le Parti Libéral-Démocrate (PLD, droite), présidé par M. Abe, espère recouvrer la majorité avec l'aide de son allié du gouvernement, le Nouveau Komeito, plus au centre.

Le premier ministre en personne a décrit ce scrutin comme une bataille «à gagner à tout prix», sachant que le résultat sera interprété comme une répétition générale avant les élections sénatoriales du 21 juillet.

Celles-ci sont décisives pour que M. Abe puisse poursuivre sa politique durant trois ans sans rendez-vous électoral à l'horizon.

Mais l'opinion nippone est très versatile et les partis d'opposition, bien que très loin du PLD dans les sondages nationaux, entendent bien en faire un tremplin pour leurs idées en prévision des sénatoriales partielles de juillet.

Le PLD, qui présente 59 candidats (et 23 pour son allié Nouveau Komeito), a pour sa part en mémoire sa défaite à Tokyo en 2009, prélude à sa débâcle aux législatives suivantes, le condamnant alors à trois ans de traversée du désert.

Le PLD est toutefois revenu en force aux législatives anticipées de décembre dernier, après l'échec cuisant du Parti Démocrate du Japon (PDJ, centre-gauche) aujourd'hui laminé.

Et malgré ses 54 sièges dans l'assemblée tokyoïte sortante, ce dernier risque d'être réduit au rôle de figurant.

Depuis qu'il a repris le pouvoir, le PLD de M. Abe a fait du redressement économique une priorité avec «trois flèches» lancées contre la déflation qui bride l'activité de façon chronique: des largesses budgétaires (malgré l'endettement colossal du pays), une politique monétaire ultra-accommodante et une stratégie de croissance accompagnée de réformes et dérégulation.

Si, à l'occasion de ce premier scrutin depuis son retour au pouvoir fin décembre, le PLD remporte Tokyo et dans la foulée reprend le Sénat à l'opposition, mettant ainsi fin à une sorte de «cohabitation», M. Abe aura les coudées franches pour appliquer sa politique économique, notamment des réformes impopulaires, mais aussi tirer d'autres flèches, plus politiques celles-là, notamment en vue d'une révision de la constitution pacifiste de 1947.

Dimanche, outre le score du PLD, les politologues décrypteront aussi avec minutie celui des 34 candidats du Parti de la Restauration, auto-proclamé «troisième voie» par ses deux ténors, le nationaliste et imprévisible Shintaro Ishihara (ex-gouverneur de Tokyo) et le maire d'Osaka (ouest), Toru Hashimoto, une figure montante qui n'a pas non plus sa langue dans sa poche mais qui n'est pas à l'abri des gaffes. Récemment, il a fait scandale en jugeant que l'enrôlement de femmes asiatiques dans les bordels pour les soldats nippons durant la dernière guerre avait été une «nécessité».

M. Hashimoto a encore attiré les spots sur lui en laissant entendre qu'il pourrait démissionner si son parti échouait dimanche.