Le gouvernement birman va examiner la législation limitant les musulmans Rohingyas à deux enfants maximum imposée par les autorités de l'ouest du pays, a indiqué un porte-parole lundi, après des critiques de l'ONU et des défenseurs des droits de l'Homme sur cette mesure controversée.

Les autorités de l'État Rakhine (ouest) ont rappelé le mois dernier aux membres de cette minorité musulmane apatride de deux districts qu'ils ne pouvaient avoir plus de deux enfants.

Cette disposition avait été mise en place sous l'ancienne junte militaire à l'encontre d'une communauté considérée par l'ONU comme l'une des plus persécutées de la planète.

«Le gouvernement central n'a pas annoncé cette politique. Nous allons l'examiner», a indiqué à l'AFP Ye Htut, porte-parole du président. «La population dans cette zone est bien plus importante que dans d'autres régions alors il y a des problèmes sociaux et économiques pour chaque famille».

Le gouvernement prévoit de mettre en place une politique familiale qui prendrait en compte les normes internationales, a-t-il ajouté. Une façon de désamorcer les critiques alors que l'ONU a appelé à l'abolition de cette mesure, jugée contraire aux droits de l'Homme.

La chef de l'opposition Aung San Suu Kyi, habituellement silencieuse sur le dossier rohingya, a elle aussi dénoncé une «discrimination». Signe de tensions au sein de son parti, huit antennes de sa Ligue nationale pour la démocratie (LND) en État Rakhine ont pourtant exprimé leur soutien à la politique de contrôle.

Des violences entre Rohingyas et bouddhistes de la minorité ethnique rakhine avaient fait environ 200 morts l'an dernier et déplacé plus de 140 000 personnes, mettant en lumière une tension vive entre les deux communautés.

Alors que les Rakhines expriment la peur de se voir envahir par les musulmans, le rapport de la commission d'enquête officielle sur ces violences a plaidé pour une «planification familiale» pour les musulmans, mais a rejeté des mesures «obligatoires qui pourraient être vues comme injustes et abusives».

Les quelque 800 000 Rohingyas confinés dans l'État Rakhine ont été privés de nationalité par la junte dissoute en 2011. Ils sont vus par beaucoup de Birmans comme des immigrés illégaux du Bangladesh.