Les restrictions budgétaires ne toucheront pas la marine américaine dans le Pacifique, où elle compte renforcer sa présence et déployer ses moyens les plus modernes, assure son patron, l'amiral Jonathan Greenert, à la veille d'une tournée dans la région.
Des 283 navires et sous-marins de la US Navy, 101 sont en permanence déployés, «dont 52 en moyenne dans le Pacifique occidental», explique le chef d'état-major, qui s'embarque à partir de mercredi pour une tournée qui le mènera au Japon, en Corée et à Singapour, où se tient l'IMDEX, un important salon sur la défense maritime.
Un des points centraux de cette stratégie de pivot vers l'Asie voulue par Barack Obama est le «déploiement avancé» des navires, c'est-à-dire les baser dans la région.
Quelque 42 des 52 navires qui sillonnent en permanence le Pacifique ont ainsi leur port d'attache à Yokosuka (Japon), à Guam ou, depuis peu, à Singapour.
En raccourcissant le temps de transit (il faut 14 jours de mer entre San Diego, en Californie, et Yokosuka), la marine augmente la disponibilité et diminue les coûts.
Les deux destroyers antimissiles qui ont été récemment déployés pour faire face à la menace balistique nord-coréenne ne venaient pas de la côte ouest des États-Unis, mais de Yokosuka.
«Ils sont là où il faut quand il le faut», se félicite l'amiral Greenert.
Son objectif est de multiplier les points d'ancrage locaux pour des «petits» navires comme le navire de combat littoral (LCS) ou le futur catamaran à grande vitesse (JHSV). «Ça libérera des navires amphibies et des destroyers pour aller ailleurs, c'est comme ça qu'on va accroître le nombre de navires dans le Pacifique occidental», explique-t-il. D'ici à 2020, 62 navires le sillonneront chaque jour, selon l'US Navy.
47 navires commandés ou en construction
Quatre LCS doivent être basés à Singapour d'ici 2017. Le premier, l'USS Freedom, y est arrivé en mars. Aux États-Unis même, le nombre des navires basés sur la côte Atlantique est amené à baisser au profit de la côte ouest.
Et l'austérité budgétaire dans laquelle le Pentagone s'est engagé, notamment les 41 milliards de dollars de coupes automatiques d'ici à la fin septembre, ne compromet en rien ce redéploiement vers l'Asie.
Quelque 47 navires sont actuellement commandés ou en construction, assurant une montée en puissance jusqu'à la fin de la décennie, selon M. Greenert.
«Les contrats seront menés à terme», assure-t-il, en concédant toutefois que, en cas de prolongation sur 10 ans des coupes automatiques - possibilité envisagée par le Congrès pour économiser 500 milliards de dollars -, il faudra «réduire le nombre de constructions à l'avenir» et la flotte commencera à diminuer après 2020.
Le renforcement de la marine dans la région passe aussi par le déploiement des moyens les plus modernes de l'arsenal américain. Le premier escadron du tout nouvel avion de patrouille maritime, le P-8 Poseïdon, sera déployé cette année au Japon, a annoncé l'amiral Greenert.
«Le Pacifique occidental devient la base de référence pour les nouvelles capacités, les nouveaux concepts en matière de guerre sous-marine ou de guerre électronique», ajoute-t-il.
La seule menace que le chef d'état-major de la marine américaine discerne clairement dans la région est la Corée du Nord. La mer de Chine méridionale et les disputes sino-japonaises en mer de Chine orientale «peuvent être des zones de tensions et donner lieu à des accrochages», mais aucun pays de la région ne veut voir de conflit en découler, veut-il croire.
Quant à la Chine, l'amiral ne la voit pas comme une menace malgré son missile balistique antinavire, présenté comme le futur «tueur» de porte-avions. «Notre objectif est vraiment d'opérer ensemble aussi souvent que possible, de mieux se comprendre et d'établir un dialogue sérieux».