Un tribunal pakistanais a interdit à vie mardi toute candidature de l'ancien président Pervez Musharraf à des élections, dernière tuile en date sur la tête du général à la retraite placé en détention provisoire peu après son retour d'exil.

M. Musharraf avait mis fin à quatre ans d'exil le mois dernier dans l'espoir de participer aux élections législatives du 11 mai. La candidature de l'ex-dirigeant militaire, au pouvoir de son coup d'État en 1999 à sa démission en 2008, avait été rejetée par la commission électorale qui invoquait des «violations» de la Constitution lors de son règne.

Ses avocats avaient fait appel après le rejet de sa candidature pour le siège de député de la petite ville de Chitral dans le nord-ouest du pays. Un tribunal de Peshawar les a déboutés mardi et est même allé plus loin en bannissant M. Musharraf, 69 ans, de toute candidature à des élections jusqu'à la fin de ses jours, ont indiqué ses avocats à l'AFP.

Le clan Musharraf a aussitôt affirmé qu'il allait faire appel de cette nouvelle décision. A Chitral, bourgade perchée dans les montagnes du nord du pays, un cortège de partisans de Musharraf a défilé dans les rues jusqu'à la piste locale de polo en soutien à l'ancien président, selon un journaliste de l'AFP sur place. «Longue vie à Musharraf», scandaient les partisans de l'ancien président, célèbre dans la région pour avoir fait creuser un tunnel afin de relier plus facilement cette ville au reste du pays alors qu'il était au pouvoir.

Par ailleurs, l'ancien président restera en détention provisoire dans sa villa en banlieue de la capitale Islamabad jusqu'au 14 mai, donc pendant les élections générales, a décidé mardi un tribunal antiterroriste l'ayant mis en cause pour le meurtre de l'ex-premier ministre Benazir Bhutto.

M. Musharraf est soupçonné de ne pas avoir assuré de manière adéquate la sécurité de Mme Bhutto, assassinée le 27 décembre 2007 alors qu'elle dirigeait le cortège de sa formation, le Parti du peuple pakistanais (PPP), à Rawalpindi, ville jumelle d'Islamabad et siège du QG de l'armée.

Plus de cinq ans après, personne n'a été condamné pour le meurtre de Benazir Bhutto, dont le fils, Bilawal Bhutto Zardari, 24 ans, dirige en théorie la campagne électorale du PPP mais évite les rassemblements et les bains de foule pour des raisons de sécurité.