La Maison-Blanche a appelé mardi Pékin et Moscou à agir plus pour contenir Pyongyang, estimant que l'annonce par la Corée du Nord de son intention de redémarrer un réacteur nucléaire était une «indication de plus» que Pyongyang «viole ses obligations internationales».

«Il n'est un mystère pour personne que la Chine a une influence sur la Corée du Nord», a indiqué le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, lors de son point de presse quotidien.

«Nous avons par le passé, et nous le faisons encore aujourd'hui, pressé la Chine d'utiliser cette influence pour essayer d'agir sur le comportement de la Corée du Nord», a-t-il précisé, ajoutant: «cela vaut également (dans nos discussions) avec les Russes».

La Corée du Nord a annoncé mardi son intention de redémarrer un réacteur nucléaire arrêté en 2007 et laissé entendre qu'elle pourrait reprendre l'enrichissement d'uranium à des fins militaires, dans un contexte extrêmement tendu avec la Corée du Sud et les États-Unis.

Pékin a déjà exprimé ses regrets face à cette annonce, appelant au calme la péninsule coréenne.

Une plate-forme radar antimissile déployée

Par ailleurs, les États-Unis déploient un radar de défense antimissile balistique pour détecter depuis le Pacifique d'éventuels lancements de missiles nord-coréens, a-t-on appris mardi auprès d'un responsable américain de la Défense.

Ce système - appelé SBX - est doté d'un radar en bande X, monté sur une plate-forme semi-submersible surmontée d'un énorme radôme. Il devrait se positionner à l'est du Japon et de là être en mesure de détecter tout lancement et de suivre la trajectoire de tout missile lancé depuis la Corée.

Ce déploiement a été qualifié de «routine» par ce responsable sous couvert d'anonymat. Selon le porte-parole du Pentagone George Little, le SBX effectue un «essai semestriel de ses systèmes» mais a jugé qu'il serait «incorrect à ce stade de lier le (déploiement du) SBX à ce qui se passe sur la péninsule coréenne».

Outre le destroyer antimissile USS McCain, le destroyer antimissile USS Decatur a également été déployé «dans le Pacifique occidental», a ajouté M. Little.

Dotés du système Aegis, ces navires ont pour mission de «protéger nos intérêts, nos propres troupes dans la région et nos alliés, dont le Japon», a-t-il précisé.

Des missiles ciblant la Corée du Sud seraient plutôt traités par des systèmes antimissile terrestres comme les Patriot ou les missiles Thaad.

Quelque 28 500 militaires américains sont basés en Corée du Sud, près de 50 000 au Japon et des milliers d'autres sur les bases américaines de Guam et d'Hawaï.

Dans ce qui s'apparente à une diplomatie de la canonnière, les États-Unis ont multiplié ces derniers jours les annonces concernant les mouvements d'équipements militaires.

Le Pentagone a ainsi rendu public le vol de bombardiers B-52 et surtout de bombardiers furtifs B-2 au-dessus du territoire sud-coréen ainsi que l'envoi sur la base d'Osan en Corée du Sud de deux F-22 Raptor, les chasseurs furtifs les plus avancés de l'arsenal américain.

Ces deux appareils ne devraient en revanche pas participer à l'exercice annuel «Foal Eagle» américano-sud-coréen, qui doit durer jusqu'au 30 avril, mais être en simple «présentation statique» pour informer les responsables militaires sud-coréens sur ces capacités, selon un responsable de la Défense.

Washington prend toutefois soin de ne pas rajouter à la tension. «Je peux vous dire que notre réponse et les moyens déployés sont des mesures de prudence, logiques et mesurées», a assuré le porte-parole du Pentagone.

Si la Corée du Nord multiplie chaque jour les déclarations belliqueuses, annonçant ainsi mardi qu'elle redémarrait un réacteur nucléaire mis à l'arrêt en 2007, la Maison-Blanche a fait savoir lundi que cette «rhétorique» n'était accompagnée d'aucun geste présageant d'une action militaire d'ampleur.

Le site internet des forces américaines en Corée était par ailleurs inaccessible mardi. «À ce stade», il semble que cela soit une simple panne de matériel, selon M. Little.