Des islamistes déguisés en joueurs de cricket ont tué cinq policiers mercredi à Srinagar, la principale ville du Cachemire indien à majorité musulmane, lors de l'attaque la plus meurtrière depuis fin 2008 qui a été revendiquée par un groupe local propakistanais.

Deux membres du groupe islamiste basé au Cachemire indien, Hizbul Mujahideen, qui milite pour un rattachement de la région au Pakistan, ont été tués sur les lieux de l'attaque, un terrain de sport dans le district de Bemina, à Srinagar, où sont situés une école de police et des casernes.

Quatre civils ont aussi été blessés, selon un communiqué de la police.

Une source policière a indiqué à l'AFP sous le couvert de l'anonymat que les assaillants ont d'abord prétendu vouloir jouer au cricket avant de sortir des armes automatiques d'un sac de sport et de lancer une grenade sur un groupe de membres des forces paramilitaires.

«Ils se sont d'abord mélangés aux enfants qui jouaient au cricket», a précisé cette source qui n'est pas habilitée à parler officiellement aux médias.

L'agence de presse Kashmir News Network (KNS), basée à Srinagar, a rapporté qu'un porte-parole du Hizbul Mujahideen, se présentant comme était Baleeg-ud-Din, avait appelé pour revendiquer l'attaque.

«C'était un acte de guérilla et les militants de Hizb poursuivront aussi ces attaques à l'avenir», a dit ce porte-parole, cité par KNS.

Le secrétaire à l'Intérieur, R.K. Singh, a indiqué à des journalistes à New Delhi que quatre hommes au total pourraient avoir été impliqués dans cette attaque et que les deux hommes tués par les forces de sécurité ne semblaient pas être du Cachemire indien, mais «de l'autre côté de la frontière» au Pakistan.

Il s'agit de l'attaque la plus meurtrière visant les forces de sécurité indiennes au Cachemire depuis juillet 2008, lorsque l'explosion d'une mine avait tué neuf soldats dans un bus à la périphérie de Srinagar.

Le chef du gouvernement du Cachemire indien, Omar Abdullah, a confirmé devant le parlement local que cinq membres des forces paramilitaires. «C'était un attentat suicide», a-t-il affirmé.

La dernière attaque à Srinagar remonte à janvier 2010, lorsque des islamistes de l'organisation propakistanaise Jamiat-ul-Mujahedin avaient ouvert le feu dans le centre de Srinagar avant de se retrancher dans un hôtel. Les deux rebelles avaient été tués, ainsi qu'un policier et un passant.

La situation au Cachemire indien, où une insurrection séparatiste née voici plus de vingt ans a nettement diminué en intensité ces dernières années, s'est de nouveau tendue après l'exécution en février d'un séparatiste local.

Mohammed Afsal Guru, pendu dans une prison de New Delhi le 9 février, avait été condamné à mort pour sa participation à l'attaque islamiste sanglante contre le Parlement de New Delhi en décembre 2001. Il jouissait toujours d'un fort soutien au Cachemire où de nombreux habitants doutaient de sa culpabilité.

Sa mort a aussi suscité de vives critiques à l'égard du gouvernement qui a omis d'informer sa famille avant son exécution.

Par crainte de troubles, le gouvernement avait imposé un couvre-feu au Cachemire indien, mais plusieurs manifestations avaient toutefois été organisées.

Des séparatistes avaient appelé à une grève mercredi et un homme de 24 ans faisant partie d'une manifestation pour demander le retour au Cachemire de la dépouille de Guru a été tué par la police à Srinagar, selon une source médicale.

Omar Abdullah a récemment estimé que le gouvernement indien devrait lever ses draconiennes lois d'urgence toujours en vigueur au Cachemire et qui donnent aux forces de sécurité une immunité juridique presque intégrale.

La région a aussi été récemment le théâtre d'accrochages militaires entre l'Inde et le Pakistan, qui administre l'autre partie du Cachemire.

L'Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires fortement militarisées, se sont livré trois guerres depuis leur indépendance concomitante en 1947 de l'Empire britannique. Deux d'entre elles portaient sur le Cachemire, région divisée en deux, mais revendiquée par chaque pays.