La Corée du Nord a suspendu hier l'armistice qui fait office de traité de paix depuis 1953. Et elle ne répond plus, depuis la semaine dernière, à la ligne téléphonique d'urgence mise en place en 1971 avec les autorités militaires américano-coréennes.

Ces mesures visent à répondre au durcissement des sanctions contre l'État ermite, adopté jeudi par le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies à la suite du test nucléaire nord-coréen réalisé en février, ainsi qu'à des exercices militaires communs des États-Unis et de la Corée du Sud qui ont commencé hier.

C'est la septième fois que la Corée du Nord suspend l'armistice depuis 1994, et la sixième fois qu'elle coupe la ligne téléphonique d'urgence. Normalement, un test de la ligne est fait chaque matin. Pendant trois mois, en 2010, personne n'avait répondu en Corée du Nord après un essai nucléaire également suivi de sanctions du Conseil de sécurité. «Chaque fois, on n'a aucune manière de savoir s'ils ne répondent pas ou s'ils ont carrément arraché la ligne», a expliqué au Wall Street Journal un officier américain posté à Panmunjon, poste-frontière entre le Nord et le Sud.

Une réplique «10 fois» plus puissante

À tout hasard, la nouvelle présidente sud-coréenne, Park Geun-hye, a promis de répliquer «10 fois plus fort» en cas d'attaque limitée - cyberattaque ou pilonnage d'une région isolée, comme c'est arrivé en 2010.

Mme Park est la fille d'un dictateur qui a dirigé la Corée du Sud au plus fort des tensions avec le Nord, dans les années 60 et 70. Elle est entrée en poste à la fin du mois de février, et la rhétorique nord-coréenne à son endroit a été particulièrement féroce.

Cette rivalité familiale - le grand-père de l'actuel président nord-coréen, Kim Jong-un, était le grand ennemi de celui de Mme Park - ainsi que le jeune âge de M. Kim, qui pourrait être incapable de contrôler toutes ses forces armées, pourraient favoriser une nouvelle agression, selon plusieurs analystes. Un officier nord-coréen de haut rang a affirmé la semaine dernière à la télévision d'État qu'une «attaque nucléaire de précision» était planifiée contre les États-Unis.

Ces tensions surviennent dans le contexte où l'appui chinois à la Corée du Nord faiblit. Le Wall Street Journal a noté hier que le prix du riz avait augmenté à Pyongyang, à la suite d'un fléchissement des livraisons chinoises. Des politologues chinois ont, au cours des derniers mois, appelé à la fin de l'aide chinoise à la Corée du Nord dans des médias.