Tête baissée, yeux fermés, mains jointes, la population japonaise a observé lundi une minute de silence à 14H46, deux ans exactement après un violent séisme suivi d'un tsunami meurtrier et d'un terrible accident nucléaire à Fukushima.

Cette catastrophe dans le nord-est du pays a fait 15 881 morts et 2668 disparus, auxquels s'ajoutent 2554 personnes décédées à cause de la dégradation de leurs conditions de vie, selon les tout derniers bilans officiels disponibles lundi.

Dans de nombreuses localités frappées, à l'heure dite, la vie s'est figée pour une minute de silence, comme à Ishinomaki, ville martyre traumatisée par le décès de 4000 personnes, dont plus de 70 élèves de l'école primaire d'Okawa, emportés par les flots au moment où ils tentaient de se réfugier sur les hauteurs.

Les sirènes ont sonné de nouveau pour marquer ce triste anniversaire dans cette localité côtière balayée par un vent glacial lundi, tandis que des cérémonies avaient lieu sur toute la côte ravagée et ailleurs dans le pays.

À Tokyo, l'empereur s'est incliné à la mémoire des victimes lors d'une commémoration nationale en présence du premier ministre. Akihito a souhaité que l'on n'oublie pas ces vies perdues, ni ceux qui vivent «dans ces conditions difficiles, dans les lieux de refuges, dans la région sinistrée».

Il a insisté sur la nécessité d'entraîner la population aux exercices de prévention, afin de sauver le maximum de personnes en cas de nouvelle catastrophe naturelle.

Le premier ministre, Shinzo Abe, s'est engagé pour sa part à construire un Japon plus résistant aux désastres et a demandé le soutien de la population.

Depuis son retour au pouvoir en décembre, ce chef de la droite japonaise s'est rendu trois fois dans la région sinistrée, alors que la gestion du désastre par ses prédécesseurs de centre-gauche avait été très critiquée.

Le vendredi 11 mars 2011 à 14H46 locales (1H46, heure de Montréal), le pays était secoué par un terrible séisme de magnitude 9 sous l'océan Pacifique, à quelques dizaines de kilomètres de la côte nord-est de la grande île de Honshu.

Moins d'une heure après, une vague gigantesque dépassant 20 mètres de haut par endroits s'est abattue sur le littoral de la région du Tohoku (nord-est), emportant toute vie sur son passage, détruisant ports, maisons, écoles et usines et entraînant un accident nucléaire majeur à Fukushima.

«Soudain, nous nous sommes retrouvées au milieu d'une mer noire... Quand j'ai vu ma mère à la morgue quelques jours plus tard, j'ai compris que c'était la réalité», a témoigné lors de la cérémonie nationale à Tokyo une lycéenne, Rin Yamane.

Deux ans après le raz-de-marée, des plongeurs continuent de rechercher des corps au large d'Ishinomaki, dans des fonds marins encombrés des monceaux de détritus charriés par la déferlante.

La police de la préfecture sinistrée de Miyagi désespère de retrouver encore des corps de disparus, sans lesquels les familles ont du mal à faire leur deuil.

Sur le littoral, les travaux de reconstruction se poursuivent aussi. Beaucoup a été fait pour déblayer les débris, regoudronner des routes et rebâtir les infrastructures vitales, mais plus de 315 000 personnes habitent toujours dans des logements provisoires.

À la centrale nucléaire Fukushima Daiichi (220 km au nord-est de Tokyo), où quatre des six réacteurs ont été saccagés par le tsunami, la situation est stabilisée, mais il faudra 40 ans pour démanteler les installations ravagées.

La population, elle, s'inquiète des effets de la radioactivité sur la santé, malgré les études rassurantes des autorités.

L'association de défense de l'environnement Greenpeace a accusé lundi le pouvoir nippon de ne pas soutenir suffisamment les réfugiés qui ont quitté la région à cause des radiations. «Les familles et les communautés se brisent, certaines sont ruinées, les divorces et les troubles mentaux augmentent», a-t-elle souligné, en échos aux inquiétudes de médecins sur place.

Des manifestations ont eu lieu ce week-end au Japon pour exiger l'abandon de l'énergie nucléaire. Le gouvernement, lui, veut relancer les réacteurs jugés sûrs après de nouveaux tests de sécurité. Seuls 2 des 50 unités du pays sont actuellement exploitées.