Washington a proposé au Conseil de sécurité de l'ONU, avec l'accord de Pékin, de prendre des sanctions supplémentaires, notamment financières, contre la Corée du Nord après son essai nucléaire du 12 février, alors que Pyongyang a brandi de nouvelles menaces.

Ces sanctions, contenues dans un projet de résolution distribué mardi aux membres du Conseil, imposent de geler toute transaction financière qui contribuerait aux programmes nucléaire ou balistique de Pyongyang, a indiqué un diplomate sous couvert de l'anonymat.

S'il est adopté, les États membres seront aussi tenus «d'expulser de leur territoire tout agent nord-coréen travaillant pour les compagnies» soupçonnées d'alimenter ces programmes, a-t-il précisé.

Le projet de résolution impose aux États d'inspecter les cargaisons transitant sur leur territoire et qu'ils soupçonnent de contenir de la technologie sensible à destination de Pyongyang. Pour les mêmes raisons, les avions suspects pourront se voir interdire de décollage, d'atterrissage ou de survol.

En ce qui concerne les sanctions financières --autre nouveauté du texte--, elles portent non seulement sur les transactions bancaires, mais aussi sur le transport d'argent liquide. Les diplomates nord-coréens sont en outre «mis sous surveillance pour les empêcher de se livrer à des activités interdites», a ajouté le diplomate.

L'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice, a souligné que ce texte avait été rédigé «en accord avec la Chine», principal allié de Pyongyang, et a prédit son adoption d'ici la fin de la semaine.

Son homologue chinois Li Baodong a reconnu la nécessité d'envoyer un «signal fort pour marquer que l'essai nucléaire (du 12 février) va à l'encontre de la volonté de la communauté internationale».

Niveau de sanctions «jamais atteint»

Washington et Pékin, a-t-il expliqué, «ont des opinions différentes, mais globalement leur objectif commun est de dénucléariser la péninsule coréenne et de préserver le régime international de non-prolifération». Il a qualifié de «positive» la réaction des autres membres du Conseil au projet de résolution.

Les mesures proposées «vont faire passer à un niveau supérieur et jamais atteint jusqu'ici» l'arsenal de pénalités déjà imposées par les Nations unies à la Corée du Nord, a insisté Mme Rice.

En cas de nouveau tir de fusée ou de nouvel essai nucléaire nord-coréen, la résolution prévoit par ailleurs «d'importantes mesures supplémentaires», non précisées.

La Corée du Nord a fait monter la tension mardi en menaçant de dénoncer l'accord d'armistice signé en 1953 pour mettre fin à la guerre de Corée. Pyongyang a aussi brandi la menace de contre-mesures «fermes», en réponse à ce qu'elle a qualifié d'hostilité américaine à son égard.

Les résolutions de l'ONU interdisent à la Corée du Nord toute activité nucléaire ou balistique. Ses tirs de fusée ou de missiles et ses essais nucléaires lui ont déjà valu une série de sanctions internationales depuis 2006, essentiellement le gel d'avoirs appartenant à des entreprises nord-coréennes et des interdictions de voyager pour des responsables.

Dès l'annonce du 3e essai nucléaire nord-coréen après ceux de 2006 et 2009, le Conseil de sécurité avait annoncé son intention de prendre des «mesures appropriées» dans une nouvelle résolution.

Mais il a fallu trois semaines de négociations difficiles entre Américains et Chinois pour réussir à définir ces mesures. Tout en marquant sa «ferme opposition» à l'essai nucléaire nord-coréen, la Chine a cherché à protéger son allié traditionnel alors que Washington plaidait pour la fermeté, selon des diplomates. Pékin redoute par-dessus tout un effondrement du régime communiste qui créerait l'instabilité à ses frontières.