Au moins 14 personnes ont été tuées et plus d'une centaine blessées jeudi en Inde dans les explosions simultanées de bombes dans la banlieue de Hyderabad (sud), selon un bilan revu en baisse vendredi par la police, qui y voit une «attaque terroriste».

Ces attentats surviennent peu après l'exécution, le 7 février, d'un musulman séparatiste du Cachemire, condamné à mort pour sa participation à l'attaque islamiste meurtrière contre le Parlement de New Delhi en décembre 2001 qui avait failli déclencher un conflit avec le Pakistan. L'Inde était en alerte depuis deux semaines.

«Le nombre total des morts est de 14, le nombre de blessés est de 119. Six sont dans un état critique», a déclaré vendredi le ministre de l'Intérieur indien Sushil Kumar Shinde lors d'une conférence de presse dans la mégapole méridionale.

N. Rao, un haut responsable policier à Hyderabad, a confirmé le bilan de 14 morts et estimé le nombre de blessés à 80.

La police avait avancé jeudi le nombre de 20 morts et d'une cinquantaine de blessés.

Au moins deux bombes ont explosé, secouant un quartier commercial à majorité hindoue de la banlieue de Hyderabad, où vit une grosse minorité musulmane et qui abrite des entreprises informatiques et des technologies de l'information. Les experts cherchaient à désamorcer trois autres engins.

«Il s'agit sans aucun doute d'une attaque terroriste», a déclaré jeudi à l'AFP un responsable de la police d'Hyderabad, Shiv Kumar.

Le Premier ministre Manmohan Singh a dénoncé un «acte lâche» et a appelé à punir leurs auteurs. Le dernier attentat en Inde avait fait 13 morts en septembre 2011, lors de l'explosion d'une bombe devant un tribunal à New Delhi.

D'après le secrétaire indien aux Affaires étrangères Ranjan Mathai, qui a rencontré à Washington le secrétaire d'État américain John Kerry, les auteurs des attaques ne sont pas identifiés, mais il n'a pas écarté une implication étrangère.

«Je ne suis pas sûr qu'il y ait des preuves d'un terrorisme local. Nous avons eu plusieurs attaques qui ont été inspirées ou menées depuis l'étranger», a-t-il déclaré, sans parler explicitement du Pakistan, que l'Inde accuse régulièrement après des attentats sur son territoire.

Deux bombes placées sur des vélos

M. Kerry a quant à lui exprimé sur son compte Twitter sa «compassion pour la population courageuse de Hyderabad», tandis que son ministère a «condamné avec la plus grande force une attaque lâche» et assuré que «les États-Unis se tenaient aux côtés de l'Inde pour combattre le fléau du terrorisme».

«Il y a eu trois explosions de bombes à Dilsukh Nagar (banlieue de Hyderabad)», a déclaré Amit Garg, un policier présent sur le lieu d'une des déflagrations, dans des endroits très fréquentés, dont un bar-restaurant.

Le ministre de l'Intérieur Kumar Shinde n'a confirmé que deux explosions.

«Les deux bombes étaient placées sur deux vélos différents et la distance entre elles était d'environ 100 à 150 mètres», avait-il déclaré jeudi depuis New Delhi.

Les autorités indiennes avaient reçu des «éléments des services de renseignement sur la possibilité d'attaques et cette information a été partagée avec d'autres États», selon lui.

Beaucoup de monde était rassemblé près du site des explosions tandis que la police tentait de rassembler des preuves matérielles.

À l'hôpital Osmania de la ville, les victimes ensanglantées gisaient sur des civières tandis que des familles en larmes cherchaient à obtenir des informations sur leurs proches.

Neuf corps ont été transportés à l'hôpital et 35 personnes subissaient des interventions chirurgicales, a déclaré à l'AFP Kailash Nath, un responsable de l'hôpital Osmania.

Ces attentats sont intervenus le jour de l'ouverture d'une nouvelle session parlementaire à New Delhi et peu après l'exécution, par pendaison, du séparatiste Mohammed Afzal Guru, après le rejet de sa demande de grâce par le président indien Pranab Mukherjee.

Par crainte de troubles dans la région à majorité musulmane du Cachemire indien, un couvre-feu avait été imposé dans la foulée, mais cette exécution, sans annonce préalable, a provoqué des manifestations de colère des habitants.

L'Inde a amélioré sa sécurité intérieure depuis les sanglants attentats de Bombay en novembre 2008, perpétrés par un commando de dix hommes et qui avaient fait 166 morts. Mais les experts estiment que les forces de sécurité manquent cruellement de coordination avec les services de renseignement.