Pékin a depuis la semaine dernière un nouveau maire. Wang Anshun, qui était maire suppléant depuis l'été dernier, a du pain sur la planche: la capitale chinoise est accablée par un taux de smog 50 fois plus élevé qu'à Montréal.

Le smog de Pékin fait les manchettes depuis que l'ambassade américaine a commencé à publier le taux de pollution mesuré par les capteurs situés sur le toit de l'ambassade. «Les taux étaient auparavant gardés secrets», explique Scott Kennedy, politologue de l'Université de l'Indiana, qui vient de publier le livre Beyond the Middle Kingdom. «La population a pu commencer à les discuter. C'est devenu un problème important. On pense même que dans le nouveau cabinet, en mars, le ministre responsable de l'environnement pourrait avoir plus de poids que certains ministres responsables de l'industrie et de l'économie.»

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Pour Wang Anshun, 55 ans, c'est le défi de sa carrière: plusieurs de ses prédécesseurs se sont hissés au sommet du gouvernement chinois après avoir bien rempli leur mandat. Par exemple, l'ancien maire Wang Qishan, qui vient d'être nommé parmi les sept membres du comité central - l'équivalent du cabinet -, a réorganisé le système de santé pékinois après l'épidémie de SRAS, en 2003. Wang Anshun a auparavant travaillé dans l'industrie pétrolière et au ministère des Terres - un poste plus «vert».

Le prédécesseur immédiat de Wang Anshun, Guo Jinlong, est quant à lui chef du parti communiste de Pékin. «Il a quitté son poste l'été dernier après des inondations qui ont été mal gérées par la municipalité», explique Marie Reny, Montréalaise qui fait à l'Université de Chicago son postdoctorat sur les mouvements de protestation et la religion en Chine. «Mais en fait, il a eu une promotion. C'est un proche de Hu Jintao, qui était président jusqu'à cet automne et veut probablement placer des alliés à des postes importants pour continuer à influencer la politique chinoise.»

Wang Anshun est lui-même proche de Hu Jintao, mais aussi de son prédécesseur, Jiang Zemin qui, selon plusieurs sinologues, tire toujours les ficelles en Chine.



«Le mentor de Wang Anshun est Zhen Quinghong, qui a été membre du comité central et faisait partie de la "clique de Shanghaï" de Jiang Zemin», indique Mme Reny.

L'intérêt médiatique pour le smog cache ainsi des machinations politiques de coulisse. D'ailleurs, les inquiétudes environnementales restent marginales en Chine, selon Mme Reny. «En 2010, la dernière année pour laquelle on a des données, seulement 10% des 180 000 manifestations de protestation avaient des causes environnementales, dit-elle. Les motifs économiques, comme les expropriations de terres, mobilisent beaucoup plus de gens.»

COMBAT CONTRE LA POLLUTION

À peine élu maire, Wang Anshun a dévoilé plusieurs mesures visant à réduire la pollution de 2% cette année, selon l'agence gouvernementale Xinhua:

> mise à la retraite de 180 000 vieux véhicules;

> promotion de véhicules à zéro émission auprès des agences municipales;

> remplacement de certaines chaudières à charbon dans les édifices publics par des systèmes plus propres;

> plantation d'arbres sur 66 000 hectares d'ici cinq ans (à titre de comparaison, le parc du Mont-Royal fait 190 hectares).

PHOTO AP

Le maire de Pékin Wang Anshun.