Le premier ministre conservateur du Japon Shinzo Abe a annoncé jeudi qu'il entendait amender la Constitution d'après-guerre, imposée par les États-Unis.

Interrogé au Parlement sur ses intentions concernant cette Charte, qui interdit notamment au Japon de recourir à la guerre, M. Abe a indiqué qu'il allait «d'abord amender l'article 96», un premier pas indispensable pour une réforme ultérieure éventuelle de celui qui consacre le pacifisme du pays (art. 9).

Techniquement, l'article 96 fixe les règles à suivre pour tout amendement de la constitution entrée en vigueur en 1947. Il précise que les amendements doivent être introduits à l'initiative de la Diète (le parlement bicaméral) par vote des deux tiers au moins de tous les membres de chaque chambre.

Les amendements doivent ensuite être approuvés soit par référendum avec une majorité de tous les suffrages exprimés, soit en même temps que des élections.

Quant à l'article 9, il stipule qu'«aspirant sincèrement à une paix internationale fondée sur la justice et l'ordre, le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation, ainsi qu'à la menace ou à l'usage de la force comme moyen de règlement des conflits internationaux».

«Pour atteindre le but fixé au paragraphe précédent, il ne sera jamais maintenu de forces terrestres, navales et aériennes, ou autre potentiel de guerre. Le droit de belligérance de l'État ne sera pas reconnu», poursuit ce texte qui est régulièrement dénoncé par les milieux nationalistes japonais.

La question de l'article 9 refait régulièrement surface dans le débat politique japonais, alors que les relations du Japon avec ses voisins immédiats, Chine et Corée du Sud, sont toujours profondément marquées par les contentieux non soldés de l'Histoire.

Durant la campagne électorale qui l'avait porté au pouvoir le 16 décembre dernier, Shinzo Abe avait plusieurs fois évoqué sa volonté de redéfinir le concept de «forces d'auto-défense», la terminologie officielle, pour en faire une «force armée» à part entière.

Symboliquement, le budget de la défense 2013-2014 approuvé mardi par le gouvernement japonais est en hausse pour la première fois depuis 11 ans, à 52 milliards de dollars.