Le Musée des archives nationales de New Delhi expose à partir de mercredi des lettres intimes tirées de la correspondance entre le Mahatma Gandhi et un ami très proche de l'apôtre de la non-violence, une relation à l'origine de nombreuses rumeurs.    

Ces lettres, mais aussi des documents et photos, ont été acquises par l'Inde en juillet 2012, pour plus d'un million de dollars, quelques jours avant que la maison d'enchères londonienne Sotheby's ne les offre à la vente.

L'Inde, où la date d'anniversaire de Gandhi, le 2 octobre, est jour de fête nationale, met un point d'honneur à ce que les effets du père de l'indépendance demeurent, autant que possible, dans le giron national.

Les lettres sont tirées de quatre décennies de correspondance, de 1905 à 1945, et pour la plupart jamais publiée, avec l'architecte sud-africain d'origine juive allemande Hermann Kallenbach.

«Ce sont des lettres originales et nous présentons un extrait de la correspondance entre Gandhi et Kallenbach. Beaucoup de documents sont nouveaux et importants», a expliqué à l'AFP Mushirul Hasan, chef des Archives nationales.

Gandhi a vécu avec Kallenbach à Johannesburg pendant deux ans avant de rentrer en Inde en 1914, oeuvrer à l'unification du mouvement indépendantiste.

Cette relation a toujours intrigué les chercheurs, biographes et hagiographes, en particulier après la publication d'un livre d'un ancien journaliste du New York Times, Joseph Lelyveld.

«Tu as complètement pris possession de mon corps», écrit ainsi Gandhi dans une lettre citée par l'auteur.

«Rien de controversé n'a été omis ni forcément retenu» pour l'exposition, se défend Mushirul Hasan alors que certains critiques suggèrent que certaines lettres sont gardées secrètes afin de ne pas briser le mythe.

«Ils avaient une relation merveilleuse et les archives en révèlent l'intensité», ajoute M. Hasan.

Pour Raj Bala Jain qui a étudié la collection en détail, «l'amitié peut être mal interprétée. Je pense que Gandhi était très normal et au-dessus de ces choses-là».

C'est un historien indien, Ramchandra Guha, qui a découvert les documents au domicile de la petite-nièce de Kallenbach, Isa Sarid.

Y figurent notamment des lettres des quatre fils Gandhi, qui donnent des informations supplémentaires sur leur père.

Dans l'une d'elles, Harilal affirme que leur père les a «négligés». «Je le tiens responsable de mon échec aux examens».

L'Inde a déjà désapprouvé les ventes aux enchères d'objets appartenant à Gandhi, estimant qu'elles insultent la mémoire d'un homme ayant rejeté toute sa vie la richesse matérielle.

Mohandas Karamchand Gandhi fut l'artisan du mouvement de désobéissance civile qui a abouti à la partition sanglante et à l'indépendance de l'Inde et du Pakistan en août 1947.

L'exposition s'ouvre le jour de l'anniversaire de son assassinat par un extrémiste hindou en 1948.