Le procès de cinq Indiens accusés du viol collectif d'une étudiante, décédée des suites de l'agression dans un autobus à New Delhi le 16 décembre, s'est ouvert lundi devant un tribunal spécial et le père de la victime a plaidé pour un jugement rapide condamnant à mort les auteurs.

Le procès se tenant à huis clos, le procureur a annoncé aux journalistes massés devant la cour d'assises le début de la procédure.

«Le procès a débuté. L'acte d'accusation a été présenté au juge et les débats commenceront le 24 janvier», a déclaré à l'AFP le procureur, Dayan Krishnan. Les auteurs présumés, âgés de 19 à 35 ans, répondent notamment de viol, meurtre, enlèvement et vol, des faits passibles de la peine de mort.

Ils comparaissent selon une procédure accélérée pour contourner le système judiciaire indien notoirement lent et sous la pression de l'opinion et de la famille de la victime qui réclament un verdict exemplaire et rapide après cette affaire qui a choqué le pays et ému la communauté internationale.

Le père de la jeune fille de 23 ans a plaidé peu avant le procès pour un jugement rapide condamnant les auteurs à la pendaison. Il a estimé que sa famille ne serait en paix qu'une fois la sentence prononcée.

«Nous avons achevé les rituels de deuil pour ma fille au village, mais notre deuil ne sera achevé que lorsque le tribunal aura rendu son verdict. L'âme de ma fille ne sera en paix que lorsque la justice aura puni les hommes», a déclaré son père à l'AFP. Il ne peut être nommé pour des questions juridiques.

«Il est du devoir de la Cour et des juges de faire en sorte que la sentence soit prononcée rapidement et que tous les hommes (jugés pour ce viol) soient pendus», a-t-il dit avant l'ouverture du procès. «Aucun homme n'a le droit de vivre après avoir commis un crime si abominable», a-t-il ajouté.

Un deuxième accusé mineur



L'avocat de l'un des cinq suspects jugés aux assises pour le viol collectif d'une étudiante dans un autobus à New Delhi a affirmé lundi que son client avait moins de 18 ans et qu'il devait en conséquence comparaître devant une juridiction pour mineurs.

La police avait affirmé initialement que Vinay Sharma, qui travaille dans un club de gym, était âgé de 20 ans.

«Mon client est mineur et j'ai demandé à la cour que son dossier soit transféré à une juridiction pour mineurs», a déclaré à l'AFP son conseil, A.P. Singh, à l'extérieur de la salle d'audience du tribunal. Il a précisé qu'une décision devrait être prise jeudi.

L'avocat d'un accusé, Mukesh Singh, tentait de persuader la Cour suprême de dépayser le dossier hors de New Delhi, craignant que l'émotion autour de l'affaire ne nuise à l'impartialité de la justice. La Cour a indiqué qu'elle allait examiner cette requête. Cet examen se fera mardi.

Le sixième agresseur présumé, qui dit avoir 17 ans, comparaîtra devant une juridiction pour mineurs.

La victime, une étudiante en kinésithérapie qui revenait du cinéma avec son compagnon, a été violée à plusieurs reprises, agressée sexuellement avec une barre de fer, puis jetée à moitié nue hors du bus.

Elle est décédée treize jours plus tard dans un hôpital de Singapour, où elle avait été transférée après trois interventions chirurgicales et un arrêt cardiaque en Inde.

Des milliers de femmes sont descendues dans les rues de New Delhi pour demander plus de sécurité et une meilleure prise en compte des violences faites aux femmes par la police et la justice, réputées laxistes dans une société encore largement dominée par les hommes.

L'émotion suscitée par l'agression de l'étudiante «touche chaque foyer à Delhi» et «il ne peut (y) être jugé sereinement», a motivé son avocat.

La défense a l'intention de plaider non-coupable. Elle accuse la police d'avoir extorqué les aveux des suspects par la torture.

L'accusation brandit, de son côté, l'ADN qui confond les personnes mises en cause de manière irréfutable, selon elle. Elle s'appuie également sur les déclarations de la victime sur son lit d'hôpital et le témoignage de son compagnon de 28 ans qui a participé à l'identification de leurs agresseurs.

«Nous avons assez de preuves contre tous les accusés» pour les faire condamner, a déclaré le procureur Rajiv Mohan dont on attend qu'il demande la peine capitale.

La mère de la victime a réclamé le même châtiment pour les agresseurs. «La seule chose qui puisse nous satisfaire, c'est de les voir punis. Pour ce qu'ils lui ont fait, ils méritent la mort», a-t-elle confié à la presse.

Des audiences préliminaires se sont tenues à huis clos dans un tribunal de district de Delhi.

Les cas de viols à New Delhi ont augmenté de 23% en 2012 par rapport à 2011, la capitale étant considérée comme la ville la plus dangereuse du pays pour ce type de crimes.