En pleine crise diplomatique avec la Chine, le nouveau gouvernement conservateur japonais a annoncé mardi qu'il prévoyait de consacrer rapidement 1,6 milliard d'euros au renforcement des équipements militaires dans le cadre d'une rallonge budgétaire destinée à doper l'économie.

«Nous allons demander que 180,5 milliards de yens soient consacrés à des dépenses militaires dans le cadre du plan de relance économique» en préparation, a indiqué à l'AFP un responsable du ministère de la Défense.

Une partie servirait à l'achat de systèmes antimissiles sol-air PAC-3 et de trois hélicoptères SH-60K ainsi qu'à la modernisation de quatre chasseurs F-15, a-t-il précisé.

La demande doit encore être approuvée par le ministère des Finances avant d'être incluse dans le paquet de relance de plus de 110 milliards d'euros pour l'année courant jusqu'au 31 mars, un plan prévu pour faire redémarrer une machine économique grippée et dynamiser les entreprises.

«Nous avons besoin d'améliorer nos équipements à un moment où l'environnement sécuritaire du Japon est devenu plus dur: la Corée du Nord a procédé à deux lancements tests de missiles l'année dernière, et les tensions avec la Chine se poursuivent», en raison d'un conflit territorial en mer de Chine orientale, a précisé ce responsable.

Cette information intervient au lendemain de l'annonce par le Parti Libéral Démocrate (PLD) au pouvoir depuis le 26 décembre que le Japon devrait, pour la première fois depuis 11 ans, augmenter ses dépenses militaires pour l'année budgétaire 2013-2014 qui commence au 1er avril.

Selon un responsable du PLD interrogé par l'AFP, le gouvernement prévoit une augmentation d'environ 100 milliards de yens (1127 millions $). Le budget de la défense pour le prochain exercice devrait ainsi tourner autour de 4700 milliards de yens (53 milliards $).

Quoique modeste cette hausse constitue un signal très clair de la volonté des nouveaux dirigeants d'affirmer la place régionale du Japon, une position très dégradée selon eux par l'équipe de centre-gauche au pouvoir de 2009 à fin 2012.

Les relations sino-japonaises sont au plus bas depuis septembre 2012, suite à la nationalisation partielle par le Japon d'un petit archipel de mer de Chine orientale, les Senkaku, à 200 km au nord-est des côtes de Taïwan et 400 km à l'ouest de l'île d'Okinawa (sud du Japon). Ces îlots sont administrés par le Japon, mais la Chine les revendique sous le nom de Diaoyu.

La souveraineté japonaise sur ces territoires n'est «pas négociable», avait averti Shinzo Abe dès le 17 décembre, au lendemain du PLD aux législatives.

Pékin continue régulièrement d'envoyer des navires dans les eaux autour des Senkaku et la dernière incursion, lundi, a entraîné la convocation dès le lendemain de l'ambassadeur chinois à Tokyo.

Le Japon a également un double problème coréen: un conflit territorial avec Séoul (les îles Takeshima/Dokdo, sous administration sud-coréenne), et la menace balistique nord-coréenne.

Concernant le risque posé par Pyongyang, Washington et Tokyo avaient déjà décidé en septembre dernier de déployer un radar de défense antimissile supplémentaire au Japon.

En déplacement à Tokyo, le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta s'était alors ouvertement inquiété des conflits territoriaux actuels en Asie qui pourraient déclencher selon lui une guerre: «Je suis préoccupé lorsque je vois des pays engagés dans des provocations diverses et que cela pourrait déboucher sur des violences et au bout du compte sur un conflit».

Dans ce contexte régional tendu, le Premier ministre Abe a réaffirmé qu'il comptait renforcer l'alliance vitale avec Washington, après trois années de frictions causées selon lui par l'équipe de centre-gauche au pouvoir de 2009 à fin 2012.

Le nouveau ministre nippon des affaires étrangères, Fumio Kishida, a d'ailleurs indiqué, selon l'agence Kyodo, qu'il se rendra courant janvier à Washington pour rencontrer la secrétaire d'État Hillary Clinton, en vue de préparer une visite de Shinzo Abe.