Le typhon qui a dévasté le sud des Philippines risque d'être l'un des plus meurtriers de ces dernières années dans l'archipel, les autorités faisant état jeudi de quelque 500 morts et près de 400 disparus alors que 250 000 personnes étaient à la rue.

Bopha, le plus puissant typhon observé en 2012 aux Philippines avec des vents dépassant 200 km à l'heure, a traversé dans la nuit de mardi à mercredi l'île méridionale de Mindanao, balayant et noyant sous des trombes d'eau une bande de terre large de 700 km.

Les secours avaient récupéré au moins 477 cadavres jeudi : 258 sur la côte est et 191 près des localités de New Bataan et Monkayo, une région de petites mines d'or clandestines, dans les montagnes, exposée aux glissements de terrain, a indiqué le général chargé de diriger les secours, Ariel Bernardo.

Le Bureau de la sécurité civile à Manille a précisé que 19 autres personnes avaient été tuées ailleurs à Mindanao et neuf sur d'autres îles.

Erinea Cantilla et sa famille ont marché pieds nus pendant deux jours, dans l'eau boueuse et les débris, en quête de nourriture et d'un refuge après la destruction de leur maison et de leur exploitation de banane et de cacao, non loin de New Bataan.

«Tout ce que nous possédions est perdu. Les seuls habitants qui sont restés sur place, ce sont les morts», a-t-elle témoigné auprès de l'AFP aux portes de la ville avec son mari, leurs trois enfants et une petite-fille.

La priorité du gouvernement jeudi était de rechercher les 380 personnes disparues et de construire des abris temporaires pour les 250 000 habitants privés de toit, ont indiqué les responsables des secours.

Craintes d'épidémies

Des rescapés fouillaient jeudi les décombres de leurs maisons pour tenter de récupérer ce qui pouvait l'être. D'autres recherchaient des proches disparus, examinant les corps recouverts de boue et alignés sur des bâches.

«Dans une semaine, je suis sûr que l'odeur de la mort forcera les survivants à fuir la ville», se désolait Francisco Macalipay, un soldat participant aux opérations de secours.

Les housses mortuaires manquent cruellement. Avec l'humidité et la décomposition des corps, les autorités, fortement ralenties par l'impraticabilité des routes et l'effondrement des ponts, craignaient l'apparition d'épidémies.

Le gouvernement a demandé l'aide de l'Organisation internationale des migrations, basée en Suisse, pour la construction d'abris provisoires destinés aux rescapés.

La présidence des Philippines a envoyé des navires chargés de nourriture et d'équipements d'urgence pour 150.000 personnes de la côte est de Mindanao, où trois villes restaient coupées du monde.

La plupart des victimes du typhon sur Mindanao étaient des migrants très pauvres, attirés dans des villes telles que New Bataan et Monkayo, dans les montagnes, pour travailler dans des petites mines d'or, dépourvues de toute sécurité.

À elles seules, ces deux villes comptent la moitié des morts causés par Bopha.

Le gouvernement avait interdit la construction de logements sur plusieurs de ces sites, jugés trop dangereux, mais les autorités locales continuent de délivrer des permis de creuser et se sont avérées incapables de mettre fin à l'expansion des communautés, a déploré le secrétaire à l'Environnement Ramon Paje.

Le typhon a également détruit le quart des plantations de bananes des Philippines, troisième exportateur mondial, selon l'association des planteurs.

Les États-Unis, le Japon et Singapour ont affirmé avoir proposé une aide d'urgence; Singapour a d'ores et déjà envoyé une équipe de secours à Mindanao.

La Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge a fait un appel aux dons, espérant recueillir environ 3,7 millions d'euros (environ 4,8 millions de dollars) et prévenant que le nombre de personnes dans le besoin augmenterait dans les prochains jours.

Les rebelles du Parti communiste des Philippines ont proposé une trêve aux forces gouvernementales qui portent secours à Mindanao et a donné même l'ordre à la guérilla de leur prêter main-forte.

L'armée a décliné l'offre et a plutôt appelé les rebelles à abandonner la lutte armée.

Les Philippines subissent une vingtaine de tempêtes ou typhons majeurs chaque année, survenant pour la plupart pendant la saison des pluies entre juin et octobre. Bopha est le 16e cette année.

En 2011, 29 typhons avaient causé la mort de 1500 personnes, dont 1200 à Mindanao après le passage de la tempête tropicale Washi.