L'explosion d'une bombe lors d'une procession de la minorité musulmane chiite a fait au moins cinq morts et plus de 80 blessés dimanche dans le nord-ouest du Pakistan, au terme d'une semaine où les attentats contre les chiites auront fait au total près de 40 morts.

L'attentat, comme celui de la veille, est survenu à Dera Ismaïl Khan, district reculé de la province de Khyber Pakhtunkhwa, situé près du Waziristan du Sud, une zone tribale adossée à l'Afghanistan et considérée comme un fief des talibans et de groupes liés à Al-Qaïda.

«Cinq personnes ont été tuées et 83 blessées dans l'explosion de la bombe», a déclaré à l'AFP Shafeerulla Khan, un responsable des autorités locales à Peshawar.

L'objectif de l'attentat était une procession pour l'Achoura, nom de la fête célébrée dimanche par les chiites, a indiqué à l'AFP un responsable de la police, Anwar Khan Akbar.

De premières informations indiquaient que la bombe était dissimulée à l'intérieur d'un magasin et qu'elle avait été mise à feu à distance, lorsque la foule s'est approchée. Mais il pourrait s'agir d'un attentat suicide, selon Shafeerulla Khan.

Un porte-parole des talibans pakistanais a revendiqué l'attentat. «C'était un attentat suicide et nous le revendiquons», a déclaré à l'AFP Ehsanullah Ehsan par téléphone.

La police de Dera Ismaïl Khan estime pour sa part que la bombe avait été dissimulée dans un magasin.

Dans l'espoir d'empêcher des attentats pendant le week-end, les autorités pakistanaises ont suspendu les services de téléphonie mobile dans des grandes villes du pays. Les téléphones portables permettent notamment de déclencher des bombes à distance.

Le ministère de l'Intérieur a aussi renforcé la surveillance policière en marge de processions ce week-end pour le deuil de l'Achoura, plus important jour du calendrier de la minorité chiite, qui marque l'anniversaire du martyre de l'imam Hussain, petit-fils du prophète Mahomet, en 680 à Kerbala, en Irak.

En décembre 2009, un attentat suicide avait fait 43 morts à Karachi lors de l'Achoura.

Samedi, l'explosion d'une bombe de 10 kg au passage d'une procession chiite, dans cette même zone, a fait huit morts et des dizaines de blessés.

L'attentat a été revendiqué par le Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP - Mouvement des talibans du Pakistan), qui vise régulièrement les forces de l'ordre pakistanaises et la minorité chiite, représentant moins de 20% de la population de ce pays musulman de 180 millions d'habitants.

Deux autres attentats dans le courant de la semaine, contre la minorité chiite, ont fait un total de 25 morts à Karachi (sud) et Rawalpindi, ville jumelle de la capitale Islamabad.

Dimanche, la police de Karachi, la plus grande ville du Pakistan, a annoncé qu'elle avait déjoué un attentat qui aurait pu être particulièrement meurtrier. Elle a indiqué à l'AFP avoir découvert une bombe de 100 kilos installée dans une voiture après avoir abattu un taliban au cours d'un échange de coups de feu.

Un responsable de la police de Karachi, Aslam Khan, a déclaré que les policiers avaient arrêté un autre extrémiste lors de cette opération et saisi dans la voiture deux vestes explosives pour attentats suicide, deux fusils d'assaut Kalachnikov AK-47 et deux pistolets.

Selon M. Khan, les extrémistes voulaient utiliser la voiture piégée pour un attentat contre une procession de l'Achoura.