Barack Obama a conclu mardi à Phnom Penh un voyage de trois jours en Asie du Sud-est, une tournée censée marquer le rééquilibrage de sa diplomatie vers le Pacifique, mais au cours de laquelle il a été contraint de garder un oeil constant sur le Moyen-Orient.

Arrivé dimanche en Thaïlande, allié de longue date sur le continent, le chef de l'État a marqué l'Histoire en devenant lundi le premier président américain en exercice à se rendre en Birmanie, pour y soutenir les réformes politiques.

«Les États-Unis sont une nation du Pacifique», a-t-il déclaré dans un discours à l'université de Rangoun. «Nous voyons notre avenir lié à ces nations et ces peuples (...). Alors que notre économie se redresse, c'est là qu'elle trouvera la croissance».

«Alors que nous achevons les guerres qui ont dominé notre politique étrangère pendant une décennie, cette région sera le centre de nos efforts pour bâtir une paix prospère».

Même casquette de pionnier au Cambodge, où aucun chef de l'État américain ne s'était jamais rendu, et où Obama a participé au sommet de l'Asie de l'Est, sur fond d'ambitions territoriales chinoises.

Les États-Unis et la Chine ont «une responsabilité particulière» pour assurer ensemble une croissance durable et établir des «règles claires», a-t-il souligné au Premier ministre chinois Wen Jiabao.

Une allusion à leurs différends sur le commerce, la monnaie et la propriété intellectuelle, pour le premier entretien bilatéral de haut niveau depuis la réélection d'Obama et les changements à la tête du Parti communiste chinois.

Le président s'est vu rappeler par ses alliés le rôle qu'ils attendent de lui dans les zones territoriales disputées avec la Chine. Notamment le Premier ministre japonais Yoshihiko Noda, qui l'a mis en garde contre une tension accrue en Asie orientale.

«Compte tenu de la détérioration de l'environnement sécuritaire en Asie orientale, l'alliance Japon-États-Unis est de plus en plus importante», a déclaré le dirigeant nippon, «saluant la politique américaine mettant l'accent sur la région Asie-Pacifique».

Mais Obama, ravi d'être pour la cinquième fois dans la région où il identifie le plus gros potentiel pour les États-Unis, n'a eu de cesse d'être happé par celle qui pourrait lui causer le plus de soucis.

Son séjour asiatique a été émaillé d'appels téléphoniques et consultations diverses sur le Proche-Orient, alors qu'Israël répondait aux roquettes du Hamas par des bombardements qui ont fait plus de 100 morts.

Le président a ainsi été rattrapé par un dossier israélo-palestinien où il n'a engrangé aucun succès malgré ses efforts depuis quatre ans.

Il a été mis «au courant régulièrement» de la situation au Proche-Orient par Tom Donilon, son conseiller à la sécurité nationale et par la secrétaire d'État Hillary Clinton, a souligné l'adjoint de M. Donilon, Ben Rhodes.

Le dossier était de toutes les conférences de presse et communications des responsables de la Maison-Blanche. Et le président a veillé jusqu'à 2h30 du matin pour s'entretenir au téléphone avec le président égyptien Mohamed Morsi et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Mme Clinton est même partie mardi dans la soirée en Israël, en Égypte et à Ramallah, pendant que le président rentrait à Washington.

L'entourage du président estimait pour autant que la stratégie du «pivot» asiatique de Washington n'était pas remise en cause.

«Nous estimons que les États-Unis peuvent marcher et mâcher une gomme en même temps (...). Vous en avez eu la preuve ces derniers jours», a estimé Ben Rhodes. «Nous continuerons d'avancer avec une politique étrangère axée sur l'Asie, tout en gérant les inévitables crises et défis qui surgissent dans d'autres régions».

Mais l'entourage présidentiel a admis que le Pacifique, aussi séduisant soit-il, pourrait aussi souffrir de la question syrienne. Et plus encore d'une éventuelle frappe sur l'Iran si la diplomatie venait à échouer dans les mois années à venir.