La Chine a remanié des postes-clés de son état-major ces derniers jours pour permettre à l'actuel numéro un, Hu Jintao, de conserver la haute main sur l'appareil militaire après son retrait au sommet du pouvoir, ont estimé lundi des analystes.

Réuni en plénum de jeudi à dimanche, le Comité central du Parti communiste chinois (PCC) a annoncé la nomination des généraux Fan Changlong et Xu Qiliang comme vice-présidents de la Commission militaire centrale (CMC), l'organe politique dirigeant de l'armée chinoise, fort de 12 membres, placé sous direction du PCC.

Ces nominations font suite à celles intervenues quelques jours plus tôt dans l'état-major de l'Armée populaire de libération (APL), la plus grande armée du monde avec 2,3 millions d'hommes.

Toutes ces nominations ont été effectuées sous l'égide de Hu Jintao, qui préside également la CMC, mais doit céder son poste de secrétaire-général du PCC au vice-président Xi Jinping lors du congrès qui doit s'ouvrir jeudi.

Le président Hu Jintao entend conserver la présidence de la CMC, estime Willy Lam, spécialiste de la politique chinoise de la Chinese University de Hong Kong.

«Aussi longtemps qu'il demeurera le chef de la Commission militaire centrale, il sera la puissance agissant derrière le trône», a expliqué à l'AFP M. Lam.

«Hu Jintao voudra certainement servir (à la tête de la CMC) encore cinq ans, surtout qu'il se doit de veiller sur ses protégés et de sauvegarder son héritage politique», a-t-il ajouté.

Le prédécesseur de Hu Jintao, Jiang Zemin, avait également choisi en 2002 de quitter le pouvoir par étapes, surveillant son successeur depuis la Commission militaire centrale qu'il a continué à présider jusqu'en 2004.

Aviateur, le général Xu Qiliang est le premier général de l'armée de l'air à prendre la vice-présidence de la CMC, où l'armée de terre a toujours été prépondérante.

Promotion sans précédent, le général de l'armée de terre Fan Changlong a quitté directement la direction de la région militaire de l'est, basée à Jinan (Shandong), pour prendre l'un des trois postes de vice-président de la CMC.

Le parti unique continue de diriger l'armée, qui a bénéficié d'efforts budgétaires colossaux des dernières années, grâce à laquelle il a conservé le pouvoir depuis 1949.

Plus professionnelle que sous Mao, l'APL n'en reste pas moins politiquement impliquée, notamment dans les affaires étrangères.