Quatre membres de l'équipe gouvernementale établissant les normes de sécurité des réacteurs nucléaires au Japon ont reçu des financements de compagnies énergétiques ou de fabricants nucléaires. Cette révélation suscite la polémique au Japon et soulève des questions quant à la neutralité des décisions de prévention prises lorsque le tsunami géant qui a frappé le Japon il y a un an et demi a endommagé la centrale nucléaire de Fukushima.

L'autorité de régulation nucléaire japonaise a déclaré vendredi que le professeur de l'université Nagoya, Akio Yamamoto, avait reçu des subventions pour ses recherches sur les réacteurs nucléaires au cours des trois dernières années, dont 6,28 millions de yens (78 000$) proviennent d'une filiale de Tokyo Electric Power Company (Tepco), la compagnie exploitant la centrale nucléaire de Fukushima dont les réacteurs nucléaires avaient fondu.

Même scénario pour Akira Yamaguchi, professeur à l'université d'Osaka, également membre de l'équipe chargée d'établir les critères de sécurité dans le domaine du nucléaire. Celui-ci a reçu 3 millions de yens (37 000$) de l'entreprise Mitsubishi Heavy Industries, dont l'une des activités est l'exploitation de centrales nucléaires.

Au total, d'après l'autorité, quatre des six membres de l'équipe établissant les normes de sécurité nucléaire ont reçu des subventions du même ordre. Si la perception de telles sommes n'est pas illégale, elle pourrait semer le doute sur la neutralité de la cellule gouvernementale, et laisser penser que l'industrie nucléaire a pu bénéficier de critères de sécurité plus laxistes grâce à ces subventions.

Une tentative pour encourager la transparence du secteur

La révélation de ce possible conflit d'intérêts est la conséquence d'une tentative de l'autorité de régulation nucléaire pour encourager la transparence dans le secteur. L'autorité a ainsi demandé aux membres de l'équipe chargée de la sécurité nucléaire qu'ils publient de manière consentie l'origine de leurs ressources, y compris les bourses et les donations.

Malgré ces efforts, le président de l'autorité de régulation nucléaire Shunichi Tanaka a lui-même suscité la polémique, accusé à son tour d'être pronucléaire. Avant d'occuper son poste actuel, il a été le membre clé d'une équipe gouvernementale chargée de mettre en avant l'énergie nucléaire et a dirigé des recherches pour le gouvernement sur ce secteur.

Par ailleurs, une autre équipe d'experts au service de l'autorité de régulation a été chargée d'examiner les risques sismiques autour de la centrale nucléaire d'Ohi, qui accueille les deux seuls réacteurs actuellement en service au Japon. Ceux-ci avaient été remis en marche en juillet dernier. Alors que l'équipe devait déterminer ce dimanche si la centrale en question nécessitait de fermer, l'équipe a annoncé qu'elle reportait sa décision, n'étant pas encore capable de déterminer si la centrale était dans une zone dangereuse.

En plus des deux réacteurs nucléaires détruits à Fukushima en mars 2011, les 48 autres réacteurs japonais n'ont pas encore été remis en service depuis leur fermeture pour des opérations d'inspection.

Avant la catastrophe, les régulateurs, l'équipe chargée d'évaluer la sécurité atomique faisait partie du ministère promouvant l'industrie nucléaire. L'autorité de régulation nucléaire a été créée en 2012 pour répondre aux multiples demandes appelant à la création d'une autorité de surveillance plus indépendante et aux amples manifestations contre la puissance nucléaire qui avaient secoué le pays.