Les Pakistanais ont prié en grand nombre vendredi, jour de grande prière dans le monde musulman, pour la jeune icône de la paix Malala Yusufzai, toujours dans un état critique après avoir été victime d'un attentat des talibans dont elle est une farouche critique.        

Des prières se sont déroulées dans de nombreuses écoles du Pakistan et dans les mosquées des principales agglomérations, notamment à Karachi, mégapole du sud située à des lieues de Mingora, ville d'origine de l'adolescente de 14 ans dans le nord-ouest de ce pays musulman de plus de 180 millions d'habitants.

« L'attaque en plein jour pour tuer Malala est hautement condamnable. Elle demandait seulement (le droit à) l'éducation pour elle et les autres filles » du Pakistan, a dit dans un sermon Ikram-ul-Mustafa Aazmi, qui dirige la prière à la grande mosquée Memon de Karachi.

« Le premier verset du Coran exhorte les musulmans à s'instruire. Le prophète commande clairement aux musulmans, hommes et femmes, de s'instruire. Aucun ouléma ou dignitaire musulman ne peut être contre l'éducation, au contraire elle doit être promue chez nos filles et nos fils », a-t-il ajouté.

Des chrétiens de la capitale Islamabad avaient aussi organisé une messe spéciale jeudi soir pour Malala attaquée mardi en plein jour par des combattants du Mouvement des talibans du Pakistan (TTP), allié à Al-Qaïda.

« À la fin de mon sermon, j'ai demandé aux hommes politiques présents de promouvoir l'éducation, car il ne peut y avoir de paix et de développement dans le pays sans éducation », a dit à l'AFP le père Rahmet Michael Hakim à l'issue de la messe en ourdou - langue nationale du Pakistan - dans une église moderne dont l'autel a été orné d'une photo de l'adolescente.

Malala Yusufzai a été atteinte à l'épaule et à la tête par les talibans et a été transférée dans un hôpital militaire de Rawalpindi, ville jumelle d'Islamabad où elle demeurait vendredi inconsciente.

« Selon les neurochirurgiens et les spécialistes des soins intensifs, son état est satisfaisant, mais les 36 à 48 prochaines heures seront critiques », a déclaré le porte-parole de l'armée, Asim Saleem Bajwa.

Le premier ministre Raja Pervez Ashraf s'est rendu au chevet de l'adolescente récipiendaire l'an dernier du premier prix national pour la paix créé au Pakistan après s'être fait connaître en 2009, à l'âge de 11 ans seulement, en dénonçant sur un blogue de la BBC les violences commises par les talibans.

« Malala est la fille du Pakistan. Son message est celui du Pakistan qui est un message de paix, d'amour et de sécurité. Le pays entier se lèvera contre ceux qui tentent de saboter ce message », a déclaré le premier ministre.

Les talibans avaient affirmé plus tôt cette semaine avoir pris la jeune Malala pour cible, car elle défendait des valeurs occidentales.