Séoul a annoncé dimanche la conclusion d'un accord avec Washington lui permettant de presque tripler la portée de ses missiles balistiques, qui couvriront ainsi la totalité de la Corée du Nord, une décision susceptible de déclencher la colère de Pyongyang.

La portée des missiles sera étendue à 800 km, contre 300 km actuellement, a indiqué à la presse le conseiller sud-coréen à la sécurité nationale Chun Yung-Woo.

«Le principal objectif est de freiner les provocations militaires du Nord», a-t-il déclaré.

Avec une telle portée, les missiles sud-coréens pourront également atteindre une partie de la Chine et du Japon.

Les États-Unis comptent 28.500 soldats sur le territoire sud-coréen et lui garantissent un «parapluie nucléaire» en cas d'attaque. En échange, Séoul avait accepté de limiter la portée de ses missiles, en 2001, afin d'apaiser les tensions sur la péninsule.

La Corée du Sud avait rejoint cette année-là le Régime de contrôle sur la technologie des missiles (MTCR), un club informel qui regroupe 34 pays principalement occidentaux.

Mais au regard des ambitions nucléaires et balistiques de Pyongyang, Séoul plaidait pour un allongement de la portée des missiles, et les négociations s'étaient accélérées après le lancement --raté-- d'une fusée nord-coréenne en avril dernier.

La fusée devait mettre sur orbite un satellite à usage civil selon Pyongyang, mais Séoul, Washington et leurs alliés y voyaient une nouvelle étape dans la mise au point d'un missile à tête nucléaire, interdit par les résolutions de l'ONU.

L'accord annoncé dimanche a pour but de «s'assurer d'une réponse plus complète à des menaces liées aux missiles» du Nord, selon le conseiller à la sécurité.

La charge maximale pour les missiles de portée 800 km est de 500 kg (la charge actuelle maximum pour les missiles sud-coréens), mais leur poids pourra augmenter pour les missiles de portée plus courte.

Les analystes estiment que cet accord risque d'accélérer la course aux armements en Asie du Nord-est et affaiblir les arguments de Séoul contre le programme nucléaire et balistique du Nord.

«Le Sud a certainement le droit de se défendre des menaces du Nord», a déclaré à l'AFP Yang Moo-Jin, de l'université des études nord-coréennes à Séoul. «Mais l'accord est une épée à double tranchant et va à l'encontre des efforts pour réduire les armes de destruction massive».

Il pourrait aussi enclencher «un cercle vicieux» en donnant au Nord le prétexte d'un durcissement de sa position et d'une résistance encore plus grande aux appels à l'abandon de son programme nucléaire.