Le dirigeant chinois Bo Xilai, ex-membre du Bureau politique du Parti communiste chinois (PCC), a été exclu de ses rangs et comparaîtra devant la justice, selon l'agence officielle Chine Nouvelle qui a annoncé en même temps vendredi l'ouverture du XVIII congrès du PCC pour le 8 novembre.                

Bo Xilai, à l'origine du plus retentissant scandale judiciaire de ces dernières années, devra répondre de ses actes « devant la justice », selon l'agence citant le Bureau politique du PCC, qui a mis fin à un long suspense en décidant, avec un retard inhabituel, de la date de son congrès, échéance centrale de la vie politique chinoise.

Ex-maire et chef du parti de Chongqing, immense métropole de 33 millions d'habitants du sud-ouest de la Chine, Bo Xilai, une personnalité flamboyante qui aspirait aux plus hautes fonctions, est détenu au secret depuis avril, date à laquelle il avait été suspendu de ses fonctions.

La question de sa comparution ou non devant la justice n'était pas tranchée et divisait la haute hiérarchie chinoise, l'empêchant de trancher sur la date de son congrès, selon les analystes.

Pour être jugé devant un tribunal ordinaire et non devant la juridiction interne du parti communiste, un responsable du PC doit au préalable être exclu de ses rangs.

Selon Chine Nouvelle, Bo Xilai devra désormais répondre des chefs d'accusation de corruption « massive », d'avoir entretenu des relations sexuelles « inappropriées » avec plusieurs femmes, d'avoir « commis de graves erreurs et abusé de son pouvoir dans l'affaire d'homicide volontaire concernant (son adjoint) Wang Lijun et (son épouse) Gu Kailai, pour laquelle il porte une lourde responsabilité ».

Son épouse, Gu Kailai, a été condamnée à mort avec sursis - équivalent à la perpétuité - en août dernier pour le meurtre par empoisonnement d'un homme d'affaires britannique, Neil Heywood. Impliqué, Wang Lijun, le chef de la police de Chongqing, bras droit de Bo Xilai, a été condamné à 15 ans de prison lundi dernier, notamment pour avoir demandé l'asile politique au consulat américain de Chengdu (sud-ouest).

L'annonce simultanée de son exclusion, de son procès et de la date du congrès du PCC en novembre - au lieu d'octobre, selon la tradition -, traduit l'obtention à l'arraché d'un consensus au sein de la direction communiste chinoise sur le déroulement du congrès, qui doit renouveler et rajeunir l'équipe dirigeante de la deuxième puissance économique mondiale.

« Je pense que (le président chinois) Hu Jintao a remporté une certaine victoire, car lui et (son premier ministre) Wen Jiabao voulaient un châtiment sévère contre Bo, à la différence de certains éléments âgés et maoïstes du parti », a estimé Willy Lam, pour qui Bo Xilai « dispose toujours de puissants soutiens » dans le parti.

Sauf coup de théâtre, la passation de pouvoir, préparée de longue date, doit voir le vice-président Xi Jinping, 59 ans, remplacer le président Hu Jintao, actuel secrétaire général du parti, en place depuis 10 ans après deux mandats. Hu Jintao aura 70 ans en décembre.

Xi Jinping devrait lui succéder en mars 2003 à la tête de l'État, tandis que l'actuel chef du gouvernement, Wen Jiabao, cèdera la place au vice-premier ministre Li Keqiang.

La disparition inexpliquée de Xi Jinping durant les 15 premiers jours de septembre, et notamment son faux-bond à une rencontre prévue avec Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, avait relancé le « moulin à rumeurs » dans ce pays où la vie politique est toujours entourée du secret le plus épais, en contraste flagrant avec une société nouvellement « accro » à l'internet.

Et pour la première fois, ce rendez-vous politique majeur, prévu tous les cinq ans, aura lieu à l'ère des réseaux sociaux, qui ont permis, via l'internet, l'émergence d'une opinion publique dans ce régime de parti unique, malgré son armée de censeurs.

Avec ses 82 millions de membres, le Parti communiste, qui revendique encore officiellement son héritage marxiste-léniniste, est aussi à la tête d'un gigantesque empire économique, avec des entreprises publiques qui constituent l'ossature d'un puissant capitalisme d'État.