Six navires des garde-côtes taïwanais accompagnés de dizaines de bateaux de pêche sont entrés mardi dans les eaux territoriales japonaises au large d'îles revendiquées par Taïwan ainsi que par la Chine, ont annoncé les garde-côtes nippons.

«Des dizaines de navires de pêche sont entrés dans nos eaux, accompagnés par six bateaux des garde-côtes taïwanais», a expliqué à l'AFP un porte-parole des garde-côtes japonais.

Certains des navires des garde-côtes taïwanais transportent des troupes d'élite armées.

D'après un responsable des garde-côtes japonais cité par l'agence Jiji, les bateaux de pêche arborent des drapeaux et banderoles, dont l'une proclame «Nous jurons de défendre les Diaoyutai», le nom taïwanais des îles Senkaku.

«Ils ne semblent pas pêcher», a ajouté ce responsable nippon.

Ces navires font partie d'une flottille d'une cinquantaine de bateaux de pêche escortés d'une dizaine de navires des garde-côtes qui a quitté l'île de Taïwan lundi, afin d'affirmer la souveraineté de Taipei sur l'archipel des Senkaku.

Lorsqu'ils sont arrivés à proximité des eaux territoriales japonaises, les garde-côtes nippons ont prévenu ces bateaux taïwanais qu'ils ne devaient pas aller plus loin.

Mais un garde-côte taïwanais a répondu par radio: «Ce sont les eaux de la République de Chine (nom officiel de Taïwan, ndlr) et nous sommes ici de plein droit».

La limite des eaux territoriales s'étend à 22 km au large des îles.

Ce groupe d'îles inhabitées, situé à 200 km au nord-est de Taïwan et à 400 km à l'ouest d'Okinawa, est à l'origine d'une forte montée de tension entre le Japon, qui les contrôle, et la Chine et Taïwan.

Outre les garde-côtes japonais et les différents navires de Taïwan, cinq navires chinois croisaient près de la zone, à la limite des eaux territoriales japonaises.

Quatre bateaux de surveillance maritime et un navire de l'administration des pêches chinois voguaient à proximité vers 07h00 locale, ont précisé les garde-côtes japonais.

Lundi, deux bateaux de surveillance maritime chinois avaient vogué pendant sept heures dans les eaux territoriales nippones près d'Uotsurijima, la plus grande des cinq îles de l'archipel. Deux navires chinois de l'administration des pêches étaient aussi brièvement entrés dans ces eaux.

Outre leur indéniable valeur stratégique, ces îles pourraient receler des hydrocarbures dans leurs fonds marins.

La tension a brusquement grimpé début septembre, lorsque le gouvernement japonais a racheté trois d'entre elles à leur propriétaire privé nippon. Pékin avait immédiatement décidé d'envoyer des navires vers le petit archipel, tandis que démarrait une semaine de manifestations antijaponaises, parfois violentes, à travers la Chine.

Ces manifestations ont rassemblé des dizaines de milliers de personnes dans des dizaines de villes, dont Pékin, jusqu'à la mi-septembre, contraignant de grands groupes japonais, notamment automobiles, à provisoirement stopper leur production totalement ou partiellement en début de semaine dernière.

Les autorités chinoises ont finalement sifflé la fin de ces protestations de rues, tout en restant sur la même ligne quant au fond du contentieux territorial.

La Chine a ainsi décidé dimanche de «repousser» une cérémonie qui devait marquer le 40e anniversaire de la normalisation des relations entre la Chine et le Japon, initialement prévue le 27 septembre.

Pour tenter de faire baisser la tension, le Japon a envoyé lundi à Pékin son vice-ministre des Affaires étrangères, Chikao Kawai.