Le premier ministre chinois a promis toute l'aide possible des autorités aux sinistrés du séisme qui a fait au moins 80 morts dans le sud-ouest de la Chine, où les secouristes tentaient samedi d'atteindre des zones difficiles d'accès.

Arrivé en pleine nuit dans la zone durement touchée par le tremblement de terre, Wen Jiabao s'est assis, sous une tente, au milieu de rescapés qui pour beaucoup ne disposaient plus de toit pour dormir.

«Le Parti et le gouvernement n'épargneront pas leurs efforts pour les opérations de secours. Sauver les personnes est la priorité numéro un», a déclaré le chef du gouvernement chinois, cité par la télévision CCTV.

Sur la route menant à Yiliang, la ville où ont été recensées la majorité des victimes, des véhicules conduits par des secouristes et d'autres volontaires étaient remplis de vivres, de bouteilles d'eau et de matériel de première urgence. Des ambulances sirènes hurlantes et des camions de l'armée se frayaient un passage.

Ils croisaient des petits autobus où des habitants aux traits tirés s'entassaient pour fuir la ville endeuillée. Le trafic s'écoulait lentement, en raison des nombreux blocs de pierre qui sont tombés sur les axes routiers.

La Croix-Rouge a annoncé envoyer une première aide de 500 tentes, 2 000 couvertures et 2 000 vêtements dans cette zone à la frontière des provinces du Yunnan et du Guizhou. Une région relativement peu développée qui compte une forte proportion de minorités ethniques, notamment des Miao et des Hui.

Tout autour des habitations, certaines lézardées, les résidents affichaient de fortes réticences à réintégrer leur foyer.

La secousse tellurique, d'une magnitude de 5,7 selon l'Agence de sismologie chinoise et de 5,6 selon l'Institut de géophysique américain (USGS), a été suivie de nombreuses répliques et beaucoup d'édifices restaient considérés comme périlleux.

Dans le district de Maoping, coincé entre deux falaises d'où continuent à tomber des éboulis, les habitants au nombre d'un millier ont tous été évacués. Le quartier ressemble à un village fantôme. De lourds rochers se sont abattus sur des motocyclettes, tordant leur carcasse de métal.

De nombreuses familles de Maoping sont désormais installées sous des tentes à Yiliang.

«Notre maison n'arrêtait pas d'être secouée. J'ai quatre enfants et nous ne pouvions pas rester sur place plus longtemps alors nous avons déménagé ici», a relaté à l'AFP M. Qing, un des rescapés.

Le retour à la normale prendra du temps. «Nous ne voulons pas y retourner», affirme Xiaoli, une collégienne de 12 ans qui a eu son école endommagée par le séisme.

Wen Jiabao a prononcé un discours entouré d'équipes de secouristes, dans un pays où les opérations de sauvetage sont fréquemment imprégnées d'une bonne dose de patriotisme. Le premier ministre jouit d'une certaine popularité en Chine, qu'il arpente en tous sens, sous les projecteurs des médias, pour apporter son soutien aux populations victimes des tempêtes, d'accidents de mines ou d'autres catastrophes.

Dans la région montagneuse d'Yiliang, les secours progressaient avec difficulté, les communications téléphoniques restant perturbées et de nombreuses routes étant coupées par des glissements de terrain.

«Nous interdisons aux gens d'approcher. Il va pleuvoir d'un moment à l'autre et cela va provoquer des coulées de boue. C'est très dangereux», déclarait ainsi à l'AFP un policier à l'entrée d'Yiliang.

«C'est effrayant. Mon frère a été tué par une chute de pierres. Les répliques ne s'arrêtent pas. Nous sommes terrorisés», a confié un mineur, Peng Zhuwen, cité par l'agence Chine nouvelle.

Le séisme a causé des pertes économiques directes estimées à 3,69 milliards de yuans (450 millions d'euros), selon le ministère des Affaires civiles.

Le bilan encore provisoire d'au moins 80 morts et de plus de 800 blessés aurait pu être bien moindre si les édifices avaient bénéficié d'une meilleure qualité de construction, ont estimé un quotidien chinois et un responsable local.

«De nombreuses maisons bâties de façon médiocre n'ont pas résisté au séisme et ont été réduites à l'état de décombres», a souligné samedi dans un éditorial le journal Global Times. La secousse «aurait causé bien moins, voire aucune victime dans une zone plus développée».

«Les habitations dans la zone ébranlée par le séisme ne sont pas assez solides. Leur structure n'est pas conçue pour résister à des tremblements de terre», a confirmé Huang Pugang, directeur de l'Agence de sismologie du Yunnan.

Selon le Global Times, le tremblement de terre «illustre la vulnérabilité de la Chine aux catastrophes naturelles», dans un pays où «beaucoup préfèrent avoir une maison ou un appartement plus grand, plutôt que plus sûr, mais plus cher».