Le pouvoir birman pourrait accorder des licences à des quotidiens privés dès le début de l'année prochaine, a déclaré dimanche le nouveau ministre de l'Information dans un hebdomadaire local, promettant de bâtir une presse «aux normes internationales».

«Je crois sincèrement que les quotidiens (privés) sont essentiels dans un pays démocratique», a déclaré au Myanmar Times Aung Kyi, nommé pour remplacer le très conservateur Kyaw Hsan dans le cadre d'un tout récent remaniement.

Cette ouverture du marché de l'information suppose un cadre légal et un code de conduite, a-t-il relevé. Mais sous réserve que le pays en soit doté dans les mois à venir, cela pourrait être le cas «au début de l'année prochaine», a-t-il estimé.

La censure pesant sur les médias a été officiellement abolie fin août. Le pouvoir travaille parallèlement à un projet de loi sur la presse.

Interrogé sur la date de sa promulgation, Aung Kyi a refusé de répondre, jugeant indispensable de soumettre le projet aux médias avant de l'envoyer aux parlementaires. «Je suis sincère dans ma volonté de parvenir à une loi complète sur les médias, aux normes internationales», a-t-il assuré.

La Birmanie reste pour l'instant classée parmi les pires nations de la planète en matière de liberté de la presse (169e sur 179, selon Reporters sans frontières).

Mais plusieurs journalistes détenus ont été libérés ces derniers mois, comme d'autres prisonniers politiques, au fur et à mesure que le régime qui a succédé à la junte militaire en mars 2011 multipliait les réformes politiques.

Aung Kyi a promis que la loi de 1962 serait abolie. Ce texte régit pour l'heure les activités du secteur et son maintien alimente les doutes de ceux qui affirment notamment qu'elle obligera les journalistes à l'auto-censure et permettra au pouvoir de punir ceux qui iraient trop loin.

Le ministre a aussi évoqué une réforme des journaux d'États, parmi lesquels figure le New Light of Myanmar, organe officiel de l'ancienne junte. «Nous travaillons à des changements significatifs dans ces publications d'ici à un mois ou deux. Ces réformes impliqueront le secteur privé», a-t-il expliqué.

Quant aux journalistes étrangers, il n'a pas évoqué directement la possibilité de l'attribution de visas permanents. Mais «il n'y pas de problèmes pour leur accorder des visas. Ils peuvent venir librement, aujourd'hui».

Plusieurs d'entre eux ont été rayés cette semaine d'une liste noire dressée par l'ex-junte et sur laquelle figuraient aussi des diplomates et des observateurs des droits de l'Homme.