Comme tous les sportifs à Londres, Kazunari Watanabe, un cycliste sur piste japonais, rêve d'un podium olympique, mais lui court aussi pour donner du courage à sa famille et toute une région: il habitait près de la centrale nucléaire de Fukushima.

Des réfugiés se sont retrouvés vendredi devant une télévision grand format installée sous un chapiteau dans un parc de Tsukuba, une ville à environ 60 kilomètres au nord-est de Tokyo, pour admirer Watanabe et ses deux partenaires de l'équipe masculine de vitesse. Ils le reverront mardi à l'occasion de la course de keirin.

«J'ai couru en pensant à quel point les gens me soutenaient. Je veux leur rendre le surcroît de courage qu'ils m'ont donné», a expliqué Watanabe aux médias nippons après cette première course, que son équipe a terminé à la huitième place.

Depuis le séisme, le tsunami et l'accident nucléaire de mars 2011, sa femme, ses parents et sa grand-mère sont désormais éparpillés à travers le Japon.

Malgré ce récent éloignement géographique, la mère du pistard de 28 ans, Tomoko, a souligné que la famille s'était «réunie» en pensée autour de son fils.

Ils espèrent tous qu'il décrochera une médaille en keirin, une épreuve née au Japon, où les participants roulent plusieurs tours derrière une moto qui s'écarte ensuite pour les laisser sprinter pour la victoire.

Lors des derniers Championnats du monde, en avril à Melbourne (Australie), Watanabe a terminé cinquième de cette spécialité.

Radiations

Junko Nakamura, qui a fui la zone du nord-est dévastée par les catastrophes de mars 2011, a suivi la retransmission de l'épreuve de vitesse par équipe et attend beaucoup de Watanabe.

«J'espère qu'il réussira bien à Londres et gagnera une médaille d'or pour nous apporter de l'espoir», explique cette femme de 37 ans, qui s'est installée à Tsukuba avec son mari et leurs deux filles. «C'est merveilleux de pouvoir s'unir grâce à lui. Je viendrai voir la prochaine course aussi».

Mme Nakamura vient comme le cycliste de Futaba, une localité près de la centrale Fukushima Daiichi. Ses quelque 7000 habitants ont dû fuir à cause de l'accident nucléaire intervenu après le séisme de magnitude 9 et le tsunami géant.

Un total de 19 000 personnes sont mortes dans la région du Tohoku (nord-est) et plus de 160 000 autres ne peuvent retourner chez elles, dans la préfecture de Fukushima, à cause des radiations et des destructions.

Il n'est pas certain qu'elles pourront un jour retrouver leur maison, les experts estimant à plusieurs décennies le temps nécessaire pour que la zone redevienne habitable.

En attendant, certains ont trouvé asile à Tsukuba, une ville nouvelle dont les universités et les laboratoires de recherche attirent nombre de jeunes talents du Japon.

Junya Kataoka, qui a organisé la retransmission, confie vouloir aider les réfugiés à se sentir chez eux.

«Beaucoup de volontaires aident en allant nettoyer les débris laissés par le tsunami dans le nord-est. Nous, nous soutenons moralement les réfugiés en facilitant les contacts avec les gens d'ici», espère-t-il.