Le rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'Homme en Birmanie a plaidé samedi pour la mise en place d'une «commission vérité» sur les décennies de violations des droits de l'Homme dans le pays, seul moyen selon lui de parvenir à la «réconciliation nationale».

«Je reste d'avis que s'occuper des doléances de décennies de violations est crucial pour la transition démocratique et la réconciliation nationale», a déclaré Tomas Ojea Quintana à l'issue d'une visite de six jours dans le pays.

«Reconnaître la souffrance des victimes et leur permettre de guérir aidera à empêcher de futures violations de se produire».

«À cet égard, j'ai discuté avec différentes parties prenantes, y compris les groupes ethniques, les dirigeants de partis politiques et des membres du parlement, de l'établissement d'une commission vérité», a expliqué l'Argentin.

Il a estimé que le parlement était l'institution «la plus appropriée» pour créer cette commission dont les contours devraient être définis après consultation de toutes les parties concernées, «y compris les victimes» de violations.

En 2010, Quintana avait estimé que certaines violations des droits de l'Homme en Birmanie pourraient constituer des «crimes contre l'humanité». Il avait également réclamé une enquête internationale et s'était ensuite vu plusieurs fois refuser un visa par la junte alors au pouvoir.

Mais depuis, la junte s'est autodissoute en mars 2011 et a transféré ses pouvoirs à un gouvernement «civil» d'anciens militaires qui a multiplié les réformes politiques, libérant notamment des centaines de prisonniers politiques et permettant à l'opposante Aung San Suu Kyi de devenir députée.

Quintana a d'autre part soulevé le cas de six employés de l'ONU arrêtés après les violences entre bouddhistes et musulmans qui ont fait officiellement environ 80 morts en juin dans l'État Rakhine, dans l'ouest du pays.

«Je suis d'avis que les charges contre eux sont infondées et que leurs droits à une procédure régulière ont été bafoués», a-t-il déclaré, sans préciser quelles étaient ces charges.

«Ce n'est pas sans rappeler l'expérience des prisonniers de conscience», a-t-il insisté, se disant «très inquiet» sur leur traitement en détention.

Plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme ont accusé les autorités birmanes de nombreuses violations des droits l'Homme pendant et après les violences en État Rakhine, en particulier contre la minorité musulmane apatride des Rohingyas.

Le rapporteur de l'ONU, s'il s'est dit «inquiet» d'une situation «grave», a indiqué qu'il n'était «pas en position de vérifier ces allégations».