Le haut commissariat de l'ONU pour les droits de l'homme a reçu des informations montrant que les forces de sécurité birmanes prenaient pour cible la minorité musulmane des Rohingyas, impliquée dans de récentes violences communautaires dans l'ouest de la Birmanie, a annoncé vendredi le Haut commissaire Navi Pillay.

«Nous avons reçu un flot d'informations de source indépendante faisant état de réactions discriminatoires et arbitraires des forces de sécurité, et même de leur implication dans le déclenchement et le déroulement des affrontements», a déclaré Mme Pillay dans un communiqué.

Les violences entre bouddhistes et musulmans dans l'État de Rakhine, dans l'ouest du pays, ont fait au moins 78 morts et 70 000 sans-abri, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Les violences communautaires avaient été déclenchées par le viol et le meurtre le 28 mai d'une femme de la minorité musulmane des Rakhine. Le 3 juin, dix musulmans étaient tués par une foule non identifiée.

Selon les informations reçues par le haut commissariat, «la réaction initiale des autorités aux violences communautaires pourrait s'être transformée en répression visant les musulmans, notamment les membres de la communauté des Rohingyas», a indiqué Mme Pillay.

Le Haut commissaire a appelé le gouvernement birman à «empêcher et punir les actes de violence» et a déploré le langage péjoratif utilisé par les médias officiels et indépendants, et par certains internautes sur les réseaux sociaux pour évoquer les Rohingyas.

Elle s'est aussi félicitée de l'invitation adressée au rapporteur spécial de l'ONU sur les droits de l'homme en Birmanie, l'Argentin Tomas Ojea Quintana, qui se rendra dans ce pays du 30 juillet au 4 août. Mais, a-t-elle souligné, cette visite ne saurait se «substituer à une enquête indépendante» sur les violences.

Quelque 800 000 Rohingyas, considérés par l'ONU comme l'une des minorités les plus persécutées de la planète, vivent en Birmanie, mais l'État birman ne les reconnaît pas, selon le HCR. De nombreux Birmans les considèrent comme des immigrés illégaux venus du Bangladesh voisin.