Le dirigeant de la Corée du Nord, Kim Jong-un, a été nommé mercredi « maréchal », un titre que seuls son grand-père et son père avaient porté avant lui, signe supplémentaire que le jeune homme consolide son assise à la tête du pays, à laquelle il a accédé il y a moins de sept mois.    

« La décision a été prise d'accorder le titre de "Maréchal de la République populaire démocratique de Corée" à Kim Jong-un, commandant suprême de l'Armée du peuple coréen », a annoncé mercredi KCNA, l'agence officielle qui relaie les décisions de la dictature communiste de Pyongyang.

Cette mesure a été décidée mardi par plusieurs hauts responsables de l'État et du Parti des Travailleurs, le parti unique au pouvoir.

Les deux seules personnes à avoir reçu ce titre avant Kim Jong-un sont son grand-père, Kim Il-sung, fondateur de la Corée du Nord qu'il a dirigée jusqu'à sa mort en 1994, et son père Kim Jong-il, dirigeant de 1994 à 2011.

Après sa mort en décembre dernier, son fils âgé de moins de trente ans - sa date de naissance précise reste inconnue - lui a succédé.

« En revêtant les "habits" portés par les Kim précédents, Jong-un se projette comme étant le successeur légitime au trône et renforce son emprise sur le pouvoir », déclare à l'AFP le professeur Kim Yong-hyon, de l'Université Dongguk.

Cette promotion intervient après l'annonce de plusieurs changements à la tête de la très puissante armée nord-coréenne, qui compte 1,2 million de soldats, soit la 4e au monde en terme d'effectifs.

Pyongyang a annoncé lundi le départ de Ri Yong-Ho, considéré comme une des figures clé du régime et aperçu à plusieurs reprises ces derniers mois aux côtés du nouveau dirigeant.

Ri a été démis de toutes ses fonctions, dont celle de chef des armées, « pour raison de santé », un prétexte selon les analystes.

Cette annonce publique inhabituelle, de la part d'un des pays les plus secrets et les plus reclus de la planète, signale selon les experts que Kim Jong-un renforce son contrôle sur les militaires.

Mardi, le Nord a annoncé la promotion au grade de vice-maréchal de Hyon Yong-Chol, appelé vraisemblablement à remplacer Ri.

Selon l'expert Cheong Seong-Chang, de l'Institut Sejong, il fallait un nouveau titre à Kim Jong-un pour qu'il apparaisse nettement comme le véritable chef des forces militaires de son pays.

Maréchal de la DPRK (République populaire démocratique de Corée), est « le seul titre que ne possédait pas encore Jong-un, qui occupe quasiment toutes les fonctions suprêmes au sein de l'armée et du parti », ajoute-t-il.

Le jeune dirigeant a renvoyé plusieurs hauts gradés militaires de la génération de son père, dont l'ancien ministre des Forces armées, Kim Yong-chun, et le chef des services secrets, U Dong-chuk.

« Avec ces changements, il s'efforce d'accélérer le changement de générations au sein de l'armée, tout en renforçant son contrôle sur les militaires », estime Chang Yong-seok, de l'Institut pour la paix et l'unification.

Sous Kim Jong-il, qui promouvait la doctrine du « Songun » (« l'armée d'abord »), les militaires ont accru leur pouvoir. L'armée était présente dans l'agriculture, la pêche, les projets de construction, et contrôlait surtout la majorité du commerce nord-coréen, estimé à 6,4 milliards de dollars pour 2011.

« Il y eut de récentes tentatives de reprendre les affaires les plus rentables des mains des militaires et de les placer sous la tutelle du gouvernement », a indiqué un responsable du ministère sud-coréen des Affaires étrangères.

« Un véritable contrôle sur l'armée est crucial dans les efforts du Nord pour améliorer les moyens d'existence de la population », a ajouté ce responsable auprès du quotidien sud-coréen Joongang Daily.

Selon KCNA, la montée en grade de Kim Jong-un a provoqué des scènes d'allégresse dans le pays. « La nouvelle s'est vite répandue, apportant une joie et une fierté énormes à toute la nation », assure l'agence.