Agressions sexuelles envers des adolescents, violences, séances brutales de bizutage : un rapport dévoilé vendredi jette une lumière crue sur des pratiques perpétrées depuis les années 50 au sein de l'armée australienne, secouée ces derniers temps par plusieurs scandales.        

La télévision publique Australian Broadcasting Corporation (ABC) a obtenu de consulter l'ensemble d'un rapport, requis par le gouvernement, et dont seuls des extraits avaient été publiés il y a trois mois.

Le rapport complet détaille 850 cas de maltraitance grave depuis les années 50, dont des abus sexuels et des brutalités commis sur des garçons âgés pour les plus jeunes de 13 ans, âge minimum requis pour s'engager après la guerre.

L'âge minimum a ensuite été porté à 17 ans.

« Il est certain que beaucoup de garçons étaient victimes d'agressions sexuelles et de violences graves (...) des années 50 jusqu'aux années 70, voire 80 », selon ce document. Plusieurs victimes ont ensuite reproduit sur de jeunes recrues les mêmes violences, ajoute-t-il.

Et « certaines agressions commises contre des jeunes gens de 17 à 20 ans, filles et garçons, sont tout aussi effrayantes que celles commises contre des garçons » âgés de 13 à 16 ans, a prévenu le rapport.

Il souligne l'existence d'une culture de dissimulation des cas de maltraitance. Non seulement les bourreaux n'étaient jamais poursuivis, mais les victimes qui osaient se plaindre étaient mises à l'index.

« La culture dans plusieurs branches de l'armée, à différentes époques, a été de décourager activement les victimes et les témoins de rapporter les agressions », note le document consulté par ABC. « Peu de signes montrent que les auteurs (des agressions) ont dû rendre des comptes ».

Autre violence : des bizutages souvent « brutaux », qui seraient passibles de poursuites judiciaires si ces faits étaient commis dans la société civile, selon le document.

Le ministre de la Défense Stephen Smith a nié avoir voulu censurer ce rapport, lorsqu'il a publié seulement quelques pages choisies il y a trois mois.

« J'avais publié suffisamment de matériel pour prouver qu'il s'agissait d'accusations sérieuses et de questions très préoccupantes », a déclaré le ministre, ajoutant que l'armée affichait désormais « la tolérance zéro sur tous ces sujets ».

La première ministre Julia Gillard a qualifié de « profondément affligeantes » les accusations contenues dans le rapport, dont la lecture est « vraiment perturbante ».

« Nous devons à présent décider du meilleur moyen de faire face à tout cela, étant donné l'époque à laquelle remontent plusieurs faits », a-t-elle déclaré à la presse. La mise en place d'« une commission royale (enquête publique : NDLR) pour ces faits, ou du moins pour les plus graves, est une option ».

Le gouvernement avait commandité ce rapport après plusieurs scandales sexuels au sein de l'armée australienne.

Une prestigieuse académie militaire a ainsi sanctionné une élève de 18 ans, dont le petit ami avait retransmis leurs ébats amoureux sur un ordinateur regardé par leurs condisciples, au sein de l'école.

L'académie avait absous le jeune homme, mais fait passer en conseil de discipline la jeune femme, une décision de l'encadrement qui avait scandalisé l'opinion publique, provoqué une enquête de police et poussé le gouvernement à réagir.

Quelques mois auparavant, un rapport de 400 pages était revenu sur une série d'incidents à bord du navire militaire HMAS Success en 2009, où régnait « une culture de prédateurs » et de débauche alcoolisée, avec par exemple un prix attribué à chaque conquête sexuelle d'une collègue femme.