L'accusation a requis lundi la perpétuité à l'encontre d'Umar Patek, artificier présumé des attentats de Bali (202 morts en 2002), et non la peine capitale comme attendu, après la contrition dont l'Indonésien a fait preuve lors de son procès.

«Nous recommandons que l'accusé Umar Patek soit condamné à la prison à perpétuité. Il a coopéré lors du procès et a dit regretter son crime», a souligné devant un tribunal de Jakarta-Ouest Bambang Suharyadi, représentant de l'accusation, pour justifier le fait que la mort n'ait pas été réclamée.

L'accusation avait pourtant fait part, avant le procès, de son intention de requérir la peine de mort. Mais, lors de son témoignage le 7 mai, Umar Patek avait surpris en demandant «pardon» aux familles des victimes.

«Je regrette ce qui est arrivé, car j'étais contre depuis le début», avait-il lancé, ajoutant n'avoir «jamais été d'accord avec les méthodes» des auteurs des deux explosions qui avaient soufflé un pub et une boîte de nuit dans la station balnéaire de Kuta, sur l'île indonésienne de Bali, le 12 octobre 2002. 202 personnes avaient trouvé la mort, dont 88 Australiens et 4 Français.

Lundi, Patek a réitéré ses excuses, peu après la lecture des réquisitions. «Je regrette ce que j'ai fait et je demande pardon aux familles des personnes décédées, Indonésiennes ou étrangères», a-t-il déclaré.

«Les familles des victimes vont certainement être contrariées par les réquisitions», qui devraient permettre à Patek d'éviter la mort, a expliqué à l'AFP Noor Huda Ismail, expert en terrorisme.

«Mais s'il était tué, nous perdrions de précieux renseignements. Patek est une encyclopédie sur Al-Qaïda en Asie du Sud-Est», a-t-il souligné.

L'Indonésien de 45 ans a été baptisé par la presse «l'expert en démolition» du Jemaah Islamiyah (JI), réseau islamiste considéré comme le bras armé en Asie du Sud-Est de la nébuleuse Al-Qaïda.

L'accusation n'a eu de cesse tout au long du procès, débuté mi-février, de tenter de démontrer que Patek avait essayé d'obtenir, voire obtenu, le soutien d'Oussama Ben Laden.

Mais Umar Patek a continuellement assuré qu'il s'était agi d'une coïncidence s'il avait été arrêté en janvier 2011 à Abbottabad, la ville pakistanaise où le chef d'Al-Qaïda a été tué par l'armée américaine quatre mois plus tard. Patek avait été extradé du Pakistan en août dernier vers l'Indonésie.

Patek est la dernière figure à être jugée pour les attentats de Bali, les plus sanglants dans l'histoire de l'Indonésie. Trois hommes ont déjà été condamnés à mort et exécutés, dans le cadre du même dossier, tandis que deux suspects ont été tués lors d'opérations policières.

Né de parents d'origine yéménite, Patek était resté en cavale pendant près de neuf ans après les attentats de Bali, les États-Unis offrant un million de dollars pour sa capture.

Lors de son procès, Umar Patek a cherché à minimiser son rôle dans les explosions de Bali, avouant avoir simplement «aidé à mélanger les produits chimiques».

L'accusé a en revanche reconnu avoir suivi un entraînement et avoir voulu vivre en Afghanistan, un pays «occupé par l'OTAN» où il voulait apporter son «aide».

Il est également accusé d'avoir aidé à la fabrication des bombes, maquillées en cadeaux de Noël, qui avaient fait 19 morts dans des églises le 24 décembre 2000.

Le jugement doit être rendu le 21 juin.