L'opposante birmane Aung San Suu Kyi s'est dite prête à accepter une levée des sanctions contre son pays, mais avertit que les changements politiques et les signes d'ouverture du régime n'étaient pas «irréversibles».

«Je ne suis pas opposée à la suspension des sanctions si le peuple des États-Unis a le sentiment que c'est la bonne chose à faire maintenant. Je conseille néanmoins d'agir avec précaution», a déclaré Aung San Suu Kyi.

«J'ai parfois le sentiment que les gens sont trop optimistes par rapport à ce qui se passe en Birmanie. Il faut se rappeler que le processus de démocratisation n'est pas irréversible», a-t-elle ajouté.

L'opposante birmane a pris la parole dans le cadre d'une visioconférence retransmise à Washington et organisée par l'institut de l'ancien président américain George W. Bush.

Ses déclarations interviennent après l'appel lancé lundi par le sénateur américain John McCain pour que les États-Unis gèlent temporairement la plupart des sanctions imposées à la Birmanie comme certains pays l'ont déjà fait et comme d'autres envisagent de le faire.

Le gel des sanctions «est une façon d'envoyer un message fort pour aider le processus de démocratisation», dit l'opposante birmane. «Mais si ce (processus) n'est pas confirmé, ajoute-t-elle, nous devrons alors penser à d'autres façons de faire en sorte que l'aspiration à la démocratie du peuple birman est respectée».

Aung San Suu Kyi a par ailleurs affirmé que 271 prisonniers politiques étaient toujours dans les geôles birmanes. «Il ne devrait pas y avoir de prisonniers politiques en Birmanie si nous sommes sur le chemin de la démocratisation», a-t-elle déclaré.

Lors d'un discours au parlement birman à Naypyidaw fin avril, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait appelé l'Occident à aller «plus loin» dans la levée des sanctions politiques et économiques contre la Birmanie.

L'UE a décidé le 26 avril de suspendre les sanctions contre la Birmanie en excluant l'embargo sur les armes. D'autres États comme la Norvège, la Suisse et le Canada ont levé entièrement ou partiellement leurs sanctions à l'encontre de ce pays.

Le gouvernement qui a succédé à la junte en mars 2011, mais demeure contrôlé par les militaires a multiplié les signes d'ouverture et permis des progrès en matière de droits de l'homme et de démocratie.

L'un des signes de cette ouverture a été l'élection au parlement de Mme Suu Kyi, qui avait été placée de longues années en résidence surveillée.