Le militant des droits civiques Chen Guangcheng se prépare à quitter la Chine pour les États-Unis, un départ qui devrait intervenir «bientôt», assurent dimanche des proches du dissident après que Pékin et Washington se sont mis d'accord sur une solution diplomatique.

L'affaire de cet avocat aveugle, pourfendeur des avortements et des stérilisations forcés, et des expropriations abusives, a provoqué une crise dans les relations entre les deux pays.

Joint dimanche par l'AFP, Chen a indiqué être toujours à l'hôpital et avoir demandé de l'aide pour sortir du pays.

«Maintenant, j'ai dit à l'hôpital de demander (aux autorités du gouvernement) de m'aider pour les procédures. Je ne sais pas comment m'y prendre», a-t-il déclaré, ajoutant que ses blessures et le fait d'être aveugle le confinaient à l'hôpital.

Pour Jerome Cohen, un Américain professeur de droit à l'université de New York et proche de Chen, «il est concevable qu'il puisse être ici très bientôt».

«J'espère que c'est une affaire réglée. J'étais très heureux lorsque j'ai vu l'annonce du porte-parole du ministère des Affaires étrangères vendredi», a déclaré par téléphone samedi soir à l'AFP le professeur, depuis son domicile aux États-Unis.

Une porte-parole du département d'État américain a annoncé que le militant chinois devrait pouvoir obtenir rapidement un passeport et un visa américain pour gagner les États-Unis avec sa famille, ouvrant la voie au règlement de la crise ouverte lorsqu'il s'était réfugié fin avril à l'ambassade des États-Unis à Pékin.

«C'est un signe qui montre qu'ils sont prêts à le laisser partir étudier à l'étranger pendant un certain temps», a ajouté le professeur, qui a conversé deux fois au téléphone avec le dissident aveugle avant qu'il quitte l'ambassade américaine.

L'Université de New York (NYU) a indiqué vendredi qu'elle proposait une bourse à Chen pour sa faculté de droit.

Chen avait été transféré mercredi de l'ambassade à l'hôpital, où il est soigné pour des blessures survenues lors de sa fuite fin avril du logement où il était assigné à résidence.

L'entrée de l'hôpital continuait dimanche d'être gardée par la police en uniforme et les journalistes étaient tenus à l'écart, selon un photographe de l'AFP.

L'avocat militant Jiang Tianyong, qui a parlé au téléphone avec Chen samedi soir, a indiqué que Chen pensait devoir rester à l'hôpital encore quelques jours.

«Pour le moment, il espère que sa famille et lui pourront aller ensemble aux États-Unis pour un laps de temps, afin de se reposer. Il espère pouvoir revenir ensuite», a déclaré Jiang à l'AFP dimanche.

Cet avocat dit avoir été battu par la police après son arrestation dans l'hôpital de Pékin où il était venu apporter son soutien à son ami.

Plusieurs proches et amis de Chen ont été arrêtés depuis qu'il s'est échappé, le 22 avril, de sa maison pourtant très surveillée du Shandong (est) où il était de facto assigné à résidence depuis septembre 2010. Il s'est blessé au pied en sautant d'un mur pendant cette évasion.

He Peirong, autre proche de Chen, qui avait aidé à son transport depuis la province du Shandong vers Pékin, a indiqué dimanche qu'elle soutenait la décision de Chen. «Chen Guangcheng est libre. Je crois qu'(il) peut faire le meilleur choix en ce qui concerne son sort et celui de sa famille», a-t-elle écrit sur son compte Twitter.

Les responsables américains n'ont rendu public aucun détail sur le départ de Chen, y compris sur la date envisagée, craignant sans doute que tout tombe à l'eau si la Chine avait l'impression de perdre la face.

«Pour l'instant, on a le meilleur scénario de sortie de crise pour éviter une humiliation» de Pékin, a déclaré Joshua Eisenman, spécialiste de la Chine au Conseil de politique étrangère américaine à Washington.

Pékin et Washington «ont fait preuve de leur capacité à s'asseoir autour d'une table, à négocier et à obtenir rapidement un résultat sous la pression. Ça laisse entendre que les États-Unis et la Chine ont la volonté de travailler ensemble», a-t-il ajouté.