Après un test de missile, un test nucléaire. C'est du moins l'hypothèse que font plusieurs analystes, après le test balistique raté de la semaine dernière en Corée du Nord.

De plus, le régime de Pyongyang a exhibé dimanche, lors d'un défilé militaire, un nouveau type de missile, moins puissant que la fusée lancée vendredi dernier, mais plus que les missiles maintenant opérationnels. Le défilé, en l'honneur du 100e anniversaire de naissance du fondateur de l'État ermite, Kim Il-sung, mort en 1994, était la plus importante depuis 1992, selon l'AFP.

«Le nouveau missile dévoilé dimanche n'a pas une portée beaucoup plus grande, 1000 km environ», explique John Pike, directeur de Global Security, groupe de réflexion de Washington. «Mais je crois que la principale menace balistique nord-coréenne, pour les États-Unis, est un missile mer-sol caché dans un conteneur. Dans cette perspective, ajouter une bande de 1000 km d'océan supplémentaire à surveiller est une grande avancée stratégique.» La fusée lancée sans succès en 1998, en 2009 et la semaine dernière aurait une portée deux fois plus grande que les lanceurs actuels, qui sont limités à 3000 km.

Les missiles actuels de la Corée du Nord peuvent atteindre l'Alaska en version sol-sol. Des images satellites de la base nucléaire de Punggye-ri, dans le nord-est du pays, montrent que de nouvelles excavations ont eu lieu cet hiver, ce qui a mené des analystes sud-coréens à spéculer qu'un test nucléaire suivra le test balistique de la semaine dernière, comme en 2009.

Scepticisme

Et ce test pourrait permettre la mise au point d'une tête suffisamment miniaturisée pour être installée au sommet d'un missile. La Corée du Nord a fait un test nucléaire raté en 2006 et un autre, d'une puissance légèrement inférieure à celle d'Hiroshima, en 2009. Les deux tests ont eu lieu à Punggye-ri.

John Pike est sceptique quant aux preuves tangibles d'un essai nucléaire. «On essaie de déduire beaucoup avec peu d'indices. On voit un tas de terre et on en conclut qu'il y aura un test nucléaire. Il est logique de penser que la Corée du Nord en fera un, surtout à cause de l'échec de la semaine dernière. Cela dit, pour le régime, l'important est d'avoir démontré qu'il n'avait pas peur de la réaction étrangère.»

Des brèches dans la censure

La Corée du Nord a immédiatement admis, la semaine dernière, l'échec de son lancement de fusée. Lors de tests similaires en 1998 et en 2009, elle avait affirmé avoir mis un satellite en orbite.

Deux satellites dont personne n'a jusqu'à maintenant trouvé la trace. Plusieurs observateurs avancent que cette candeur signifie que les censeurs de Pyongyang ont moins de marge de manoeuvre qu'avant. Les coupables: les téléphones portables chinois amenés en contrebande dans le pays, qui donnent à la population vivant près de la frontière accès aux nouvelles internationales.

L'automne dernier, le groupe de réflexion australien Nautilus a estimé que 60% des habitants de Pyongyang, la capitale, ont accès à un portable par l'entremise du réseau légal, qui comporte un accès limité à l'internet.