Avocate internationale renommée et écrivaine reconnue, la Chinoise Gu Kailai, épouse du dirigeant communiste déchu Bo Xilai, est aujourd'hui gardée à vue, suspectée d'avoir assassiné un Britannique dans leur fief de Chongqing.

Jusqu'au mois dernier, Gu Kailai, avocate de premier plan et deuxième épouse de Bo Xilai, était surtout connue en Chine et à l'étranger comme étant une femme «intelligente, charismatique et attirante», selon les mots d'un confrère.

Elle se retrouve au centre d'un des plus retentissants scandales en Chine ces dernières décennies, où politique et faits divers s'entremêlent, après l'annonce qu'elle est suspectée dans le meurtre d'un homme d'affaires britannique.

L'agence Chine nouvelle a expliqué tard mardi que Gu Kailai, 53 ans, avait été «remise entre les mains du système judiciaire», soupçonnée, à la suite de la réouverture de l'enquête, dans l'homicide de Neil Heywood.

Cet homme d'affaires qui avait des liens étroits avec la famille de l'ancien chef du Parti de Chongqing a été retrouvé mort dans sa chambre d'hôtel de la mégapole le 15 novembre dernier.

La destinée de Gu a été étroitement liée à celle de Bo dès leur rencontre au milieu des années 80.

Comme le charismatique Bo Xilai, fils du vétéran Bo Yibo, elle est l'enfant d'un dirigeant communiste éminent, le général Gu Jingsheng, et a étudié dans la prestigieuse Université de Pékin.

Le couple s'est rencontré en 1984 alors que Gu effectuait un voyage d'études près de Dalian (nord-est) dans le cadre de son cursus universitaire, où Bo était en fonction.

Ils se sont marié deux ans plus tard et en 1987 ont eu un fils, Bo Guagua, qui, aujourd'hui diplômé d'Oxford, poursuit des études doctorales à Harvard.

«Il ressemblait énormément à mon père, ce genre de personne extrêmement idéaliste», a dit Gu à l'hebdomadaire Nanfang Zhoumo, se remémorant sa première rencontre avec Bo Xilai, dans une interview publiée en 2009.

«Il habitait dans une petite pièce crasseuse. Il m'a donné une pomme avant de me parler de ses idées», a-t-elle ajouté.

Gu n'a ensuite plus quitté Bo, renonçant à une bourse d'études aux États-Unis, et s'affirmant au fil des années comme une femme travailleuse et ambitieuse.

Jusqu'en mars dernier, la presse de Chongqing la présentait comme un modèle pour les autres femmes.

Mais les débuts dans la vie de Gu n'ont pas été faciles.

Bien qu'elle soit issue d'une famille d'influence, elle n'a pas connu une enfance dorée. La Révolution culturelle (1966-76) a été une épreuve pour Gu, dont les parents ont été arrêtés et les quatre soeurs envoyées à la campagne pour y être «rééduquées».

Gu a dû quitter l'école pour gagner sa vie, comme employée de la construction, bouchère et même joueuse de luth.

Ce n'est qu'en 1978, quand les examens d'entrée à l'Université ont été rétablis, qu'elle a pu intégrer l'Université de Pékin pour y étudier le droit et les relations internationales.

En 1987 elle est devenue avocate et en 1995 a ouvert son propre cabinet appelé Kailai.

Elle a atteint la notoriété en devenant la première avocate à défendre avec succès une compagnie chinoise aux États-Unis.

L'avocat américain Ed Byrne, qui a travaillé avec elle sur cette affaire, se souvient d'une femme «intelligente, charismatique et attirante». «Elle m'impressionnait beaucoup», a-t-il dit mercredi à la BBC.

Gu Kailai a publié deux livres sur son aventure professionnelle. Ils ont été des best-sellers en Chine. Mais elle a dû mettre sa carrière entre parenthèses lorsque son époux est devenu le chef du PCC dans la ville-province de Chongqing.

Lors d'une conférence de presse le mois dernier, Bo Xilai avait déclaré que les allégations contre sa famille avaient été lancées par des gangsters.

«Quelques personnes ont répandu de la boue sur Chongqing, moi et ma famille», a-t-il dit.

Gu «passe l'essentiel de son temps à la maison, je suis touché par le sacrifice qu'elle a fait».