La chute de Bo Xilai, ancienne étoile montante de la politique chinoise, a connu mardi une accélération spectaculaire avec l'annonce de sa suspension du Bureau politique du PCC et de la possible implication de son épouse dans le meurtre d'un Britannique.

Bo Xilai, qui apparaissait promis à un brillant avenir jusqu'à son limogeage en mars de son poste de chef du Parti de la ville-province de Chongqing (sud-ouest), a été suspendu du Bureau politique du Parti communiste à six mois d'un congrès crucial, a annoncé tard mardi l'agence de presse Chine nouvelle.

«Le camarade Bo Xilai est soupçonné de sérieuses violations de la discipline», a expliqué l'agence, usant d'une terminologie habituellement utilisée pour les affaires de corruption.

«Le Comité central du parti communiste chinois a décidé de suspendre sa participation au Bureau politique et au Comité central» du PCC, a expliqué l'agence officielle, selon laquelle Bo Xilai est soumis à une enquête.

Le charismatique Bo, 62 ans, était membre du Politburo de 25 membres et espérait intégrer, au Congrès du PCC l'automne prochain, son comité permanent, un cénacle de neuf membres qui dirige collégialement la Chine, avant de voir sa carrière brutalement stoppée.

Son ancien bras droit, le «super-flic» Wang Lijun, avait apparemment tenté d'obtenir l'asile politique en se rendant en février dans un consulat américain, une affaire rocambolesque qui avait défrayé la chronique.

Par ailleurs, la police chinoise a rouvert l'enquête sur la mort d'un Britannique après avoir découvert des éléments sur l'implication possible de l'épouse de Bo Xilai, a annoncé dans la foulée Chine nouvelle.

Gu (bien: Gu) Kailai, épouse du dirigeant néo-maoïste controversé, a été «remise aux autorités judiciaires et est soupçonnée de l'homicide volontaire» de Neil Heywood, un Britannique mort à Chongqing en novembre dernier, a précisé l'agence officielle.

Selon Chine nouvelle, Wang Lijun a fait des révélations au consulat américain où il s'est rendu sur la mort d'Heywood, un homme d'affaires et associé de Bo Xilai. Londres avait demandé à Pékin le mois dernier de rouvrir l'enquête sur ce décès.

«La police a accordé une haute importance à ce cas, et mis sur pied une équipe pour rouvrir l'enquête», écrit Chine nouvelle.

«Selon les résultats de l'enquête, Gu Kailai, épouse du Camarade Bo Xilai, et leur fils étaient en bons termes avec Heywood. Toutefois, ils avaient des conflits au sujet d'intérêts économiques, qui se sont intensifiés».

«Il semble qu'Heywood ait été victime d'un homicide, pour lequel Gu Kailai et Zhang Xiaojun, employé chez Bo, sont hautement suspectés», explique l'agence, sans préciser le rôle de ce dernier.

L'annonce de la mise à l'écart de Bo Xilai en mars avait illustré pour les observateurs l'intensité de la lutte pour les postes-clés qui secoue le Parti communiste avant son Congrès quinquennal.

Les mêmes analystes avaient estimé que Bo aurait logiquement dû perdre aussi sa place au Politburo, mais seulement au plénum un mois avant le Congrès d'octobre. Le processus a donc apparemment été accéléré.

Bo Xilai, ancien ministre du Commerce, avait procédé dans son fief de Chongqing à une rude campagne contre la corruption et la mafia qui lui avait valu des ennemis.

Il s'était aussi illustré en tentant de remettre au goût du jour dans sa ville l'idéal révolutionnaire maoïste avec des campagnes de slogans et de «chants rouges».

Ce populiste incarnait une «nouvelle gauche» conservatrice et sa popularité comme son ambition affichée ont apparemment déplu en haut lieu, dans un pays où les dirigeants traditionnellement ne sortent pas du lot.