Les États-Unis se sont engagés mercredi à «alléger» les restrictions pesant sur les investissements vers la Birmanie et à nommer rapidement un ambassadeur dans ce pays, un satisfecit de Washington au gouvernement birman après les élections partielles historiques de ce week-end.

Ces différentes annonces ont été faites par la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton, qui suit le dossier birman de près et avait effectué en décembre dernier une visite historique dans ce pays d'Asie du Sud-Est.

La chef de la diplomatie américaine a ainsi annoncé «le début d'un processus» visant à «un allégement ciblé» des interdictions d'exporter des services financiers et d'investir en Birmanie.

Cette initiative s'inscrit dans le cadre d'un «effort plus large pour favoriser la modernisation économique et les réformes politiques» en Birmanie, a-t-elle souligné à Washington.

La nature exacte des mesures annoncées et le calendrier de leur mise en oeuvre doivent encore être précisés, a expliqué un responsable américain sous le couvert de l'anonymat, mais elles pourraient notamment concerner le «commerce électronique», la Birmanie étant «l'un des seuls pays au monde où il n'est pas possible d'utiliser une carte de crédit».

Mme Clinton a également indiqué que les États-Unis finaliseraient «dans les prochains jours» les formalités destinées à nommer un ambassadeur en Birmanie.

Les deux pays entretiennent des relations diplomatiques, mais le représentant américain en Birmanie est un chargé d'affaires depuis 1990, un grade en-dessous de celui d'ambassadeur.

Ces nouveaux gestes américains poursuivent la politique de «donnant-donnant» menée par les États-Unis pour rompre avec l'isolement de la Birmanie, qui avait poussé le pays riche en matières premières dans les bras de la Chine.

Hillary Clinton a salué «les qualités de dirigeant et le courage» du président birman Thein Sein après le scrutin historique de dimanche, qui a permis à la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de l'opposante et prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi de devenir la première force d'opposition au parlement birman.

«Ces élections constituent une étape importante dans la transformation du pays», a estimé Mme Clinton.

Toutefois, a-t-elle prévenu, «les sanctions et interdictions à l'encontre des personnes et des institutions qui continuent de se ranger du mauvais côté de ces efforts historiques de réforme resteront en place».

Mme Clinton a insisté sur le fait que les autorités birmanes devaient encore libérer les prisonniers politiques, mener une réconciliation avec les minorités et cesser, de manière «vérifiable», toute coopération militaire avec la Corée du Nord.

«Réformer prend du temps, c'est un long chemin», a-t-elle observé. «Nous continuerons à prêter une grande attention à ce qui va se passer et récompenserons, comme je l'ai dit quand je me suis rendue là-bas, chaque action par une action».

Les annonces américaines ont été accueillies fraîchement par un ancien prisonnier politique birman, Aung Din, président de l'organisation «US Campaign for Burma.»

«C'est un bon jour pour le régime birman, qui continue pourtant à tuer des civils innocents dans les zones ethniques», a-t-il déclaré à l'AFP.

L'Union européenne envisage également de son côté un allègement «substantiel» de ses sanctions contre les autorités birmanes, a indiqué en début de semaine à l'AFP un diplomate de haut rang. Les discussions doivent se poursuivre la semaine prochaine en vue d'une décision des ministres européens des Affaires étrangères le 23 avril à Luxembourg, a-t-il précisé.