La Corée du Nord a annoncé samedi qu'elle inviterait des experts et des journalistes étrangers à observer le lancement d'un satellite que les États-Unis et d'autres pays considèrent comme étant un tir d'essai déguisé de missile, a annoncé l'agence de presse officielle KCNA.

Le Comité coréen pour la technologie spatiale «invitera des experts étrangers connaissant bien la science et la technologie spatiales et des journalistes» à l'occasion du lancement prévu pour le mois prochain, a ajouté l'agence nord-coréenne reçue à Séoul.

Ces observateurs pourront, dans le cadre de cette visite, se rendre sur le pas de tir et en d'autres endroits, selon KCNA, qui ne fournit pas d'autres précisions.

L'agence a souligné que l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI), l'Organisation maritime internationale (OMI) des Nations unies, l'Union Internationale des Télécommunications et d'autres organisations avaient été averties par Pyongyang du prochain lancement d'un satellite.

Le régime communiste nord-coréen, dirigé par Kim Jong-Un, qui a succédé à son père Kim Jong-Il à la mort de ce dernier le 17 décembre, a annoncé vendredi qu'une fusée allait envoyer dans l'espace, entre le 12 et le 16 avril, un satellite d'observation terrestre, appelé Kwangmyongsong-3, à usage civil, pour le centième anniversaire de son défunt fondateur Kim Il-Sung.

Il s'agira d'une fusée Unha-3 (Galaxy-3), qui sera tirée vers le sud, de la base de lancement de Sohae, dans le comté de Cholsan (situé dans la province côtière du nord-ouest), avait précisé Pyongyang.

L'Unha-3, également appelée Taepodong-3, est un engin théoriquement capable d'atteindre le territoire américain.

Le principal journal nord-coréen, Rodong Sinmun, a assuré samedi que la fusée emprunterait une trajectoire «plus sûre» qu'au cours de précédents tirs, quand des engins balistiques avaient pénétré dans l'espace aérien japonais.

Vendredi, KCNA avait affirmé que les satellites étaient nécessaires au développement économique de la Corée du Nord et entraient dans le cadre des activités pacifiques dans l'espace.

Le Nord avait utilisé des arguments semblables au moment du précédent tir d'une fusée de longue portée, le 5 avril 2009, qui avait été condamné par le Conseil de sécurité de l'ONU, avec à la clé un renforcement des sanctions.

Les États-Unis et leurs alliés avaient dénoncé un essai déguisé de missile, alors que Pyongyang assurait qu'il s'agissait de l'envoi d'un satellite.

La Corée du Nord avait ensuite officiellement quitté la table des négociations à Six (Chine, États-Unis, Russie, Japon, Corée du Sud, Corée du Nord) portant sur sa dénucléarisation et procédé un mois plus tard à un deuxième essai nucléaire.

Vendredi, les États-Unis, la Corée du Sud et le Japon ont fustigé le projet de mise en orbite d'un satellite en avril.

La Russie s'est dite «sérieusement préoccupée». La Chine, seul allié de poids de Pyongyang, a appelé «toutes les parties à jouer un rôle constructif».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé à la Corée du Nord de «revenir sur sa décision» de tirer cette fusée, se disant «très inquiet».

Il a «réitéré son appel à la Corée du Nord à respecter totalement les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité» des Nations unies, en particulier la résolution 1874 de 2009 qui interdit à ce pays de procéder à des essais nucléaires ou balistiques.

Catherine Ashton, Haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères, s'est dite samedi «profondément préoccupée», soulignant que ce lancement serait «contraire aux obligations internationales de la Corée du Nord».

Pyongyang a accepté le 29 février dernier la mise en place d'un moratoire sur les tirs de missiles à longue portée, les essais nucléaires et les activités d'enrichissement d'uranium. En échange, les États-Unis devaient lui fournir 240 000 tonnes de produits alimentaires.

Washington a mis en doute vendredi sa disposition à fournir cette aide alimentaire au cas où le projet nord-coréen serait mené à bien.