Des groupes féministes se sont déclarés mardi scandalisés par l'intention du Parlement indonésien d'instaurer un règlement interdisant aux députées de porter dans l'exercice de leur mandat des vêtements considérés comme «provocants» tels que des minijupes.    

«Nous savons qu'il y a eu beaucoup de cas de viols et d'autres actes immoraux récemment, et c'est parce que les femmes ne portent pas les vêtements appropriés», a déclaré le président de la Chambre des représentants, Marzuki Alie.

«Les femmes qui portent des vêtements inappropriés excitent les hommes, donc il faut arrêter cela. Vous savez comment sont les hommes: des vêtements provocants leur font faire des choses», a-t-il poursuivi.

Refrizal, chef adjoint de la commission des affaires familiales de la Chambre, qui mène la campagne pour l'adoption de ce nouveau règlement, a déclaré à l'AFP: «Les minijupes et les vêtements courts sont une invitation aux députés masculins».

Selon des médias locaux, le projet d'interdiction des minijupes au Parlement est soutenu par deux députées qui ont auparavant travaillé dans la mode comme mannequins.

Les associations indonésiennes de défense des droits des femmes se sont déclarées scandalisées et ont demandé que l'on cesse de diaboliser les femmes victimes de viols.

«Il est ridicule que (de tels propos) sortent encore de la bouche de personnes éminentes qui ont de l'influence», a déclaré à l'AFP Chika Noya, fondatrice de l'association Action for Women against Rape (Action pour les femmes contre le viol).

«Nous attendons (des responsables du Parlement) qu'ils créent des règlements pour protéger les femmes de la violence, pas pour les condamner pour la manière dont elles s'habillent», a-t-elle dit.

Il y a six mois, le gouverneur de Jakarta, Fauzi «Foke» Bowo, avait déjà soulevé des protestations en déclarant qu'une vague de viols dans les minibus publics de la capitale avait été provoquée par les minijupes que portaient les femmes qui en ont été victimes.

Il avait appelé les Indonésiennes à ne pas porter des minijupes dans les transports en commun.

Ces propos avaient été suivis d'une manifestation au cours de laquelle les femmes avaient scandé: «Ma minijupe, c'est mon droit».

Ce rassemblement avait été inspiré par le mouvement «Slutwalk» («La marche des salopes»), phénomène de protestation contre les déclarations sexistes né au Canada et qui s'est ensuite étendu à de nombreux pays.